Le Parti communiste français, la France insoumise, EELV et le PS s’accordent sur une Nouvelle union populaire écologique et sociale. Après deux semaines de négociations bilatérales, les partis de gauche ont l’ambition d’empêcher Emmanuel Macron de mettre en œuvre son projet néolibéral. Si l’union obtient une majorité à l’Assemblée nationale, elle entend imposer un gouvernement de gauche au chef de l’État.
Malgré des différences et des désaccords reconnus par toutes les formations politiques, l’accord de la gauche pose des leviers pour faire bouger les lignes.
Faire régresser l’extrême droite
Lors de l’élection présidentielle, les deux plus grands obstacles de la gauche ont été l’abstention massive (13 millions d’inscrits) et la montée de l’extrême droite (11,3 millions de voix au premier tour). La somme des voix de toutes les candidatures de gauche est légèrement en dessous de celles d’extrême droite pour la première fois dans l’histoire de France.
Sur ces deux points, le mérite de l’accord est d’avoir monopolisé l’attention médiatique depuis les résultats du second tour. L’union suscite à la fois un regain d’intérêt assez inédit pour les élections législatives et un effacement médiatique relatif de l’extrême droite. Populariser les enjeux des législatives est important quand on sait que la gauche profite d’une hausse de la participation, contrairement au Rassemblement national. Selon France Info, un record de participation réduirait drastiquement les duels LREM-RN au second tour. Tout en augmentant l’occurrence des seconds tours pour l’union.
Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, a d’ailleurs avoué n’avoir aucune intention de former une alternative à Macron pendant cinq ans. « Macron va avoir sa majorité », a-t-il déclaré à France Info. Pour la gauche, effacer le Rassemblement national de l’Assemblée nationale par le vote est un objectif primordial. Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs rappelé samedi 7 mai que Marine Le Pen « ne sert à rien » à l’Assemblée, n’intervenant jamais contre les lois antisociales. L’un des défis de l’union est de battre l’extrême droite, comme dans la circonscription d’Anzin-Saint-Amand-les-eaux, chez Fabien Roussel.
Désarmer Macron
Dans le même temps, les soutiens du président surinvestissent le thème d’une radicalisation de la gauche. Ce même camp présidentiel soulignait entre les deux tours de la présidentielle les convergences entre la gauche et les libéraux contre le Rassemblement national. La lutte contre l’extrême droite est oubliée au profit de la diabolisation de la gauche. François Bayrou estime même que la NUPES est une « offense contre la démocratie ».
Ce jeu dangereux exprime une crainte d’un retour en force de la gauche. En effet, dans de nombreuses circonscriptions, la réélection de nombreux députés sortants de Renaissance (nouveau nom de LREM) est menacée par l’union. La macronie a également peur d’être privée de majorité absolue et de voir ses projets de loi bloqués par l’Assemblée. Pendant le dernier quinquennat, même avec un nombre de députés de gauche historiquement faible, le gouvernement n’a pas hésité à museler le parlement : recours à l’article 49-3, votes bloqués, limitation du droit d’amendement, etc. Le renforcement des groupes de gauche pourrait changer la donne, en particulier sur le dossier des retraites.
Pour les jeunes, des conquêtes sociales
L’intérêt de l’accord signé à gauche est de proposer des avancées sociales immédiates qui pourraient être mises en place dès l’été. Sans nier les différences de projet politique entre elles, les forces de gauche se sont entendues sur des mesures urgentes.
« Dès le 1er juillet, avec cette nouvelle majorité, le SMIC va augmenter à 1400 euros net, tout de suite, et avec des cotisations pour financer la sécu ! », se réjouissait Fabien Roussel à la Convention de la Nouvelle union populaire. « Nous allons mettre à l’ordre du jour la retraite à 60 ans. Dès la rentrée de septembre, il y a ce revenu étudiant, c’est le changement ! ».
Selon le MJCF, pour élire une majorité de députés de gauche, il faut « convaincre de la nécessité de nos propositions comme la suppression de la sélection à l’entrée à l’université, la gratuité du permis de conduire, l’augmentation du SMIC et la suppression des contrats précaires ou encore la création d’un revenu étudiant ».
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Les jours heureux devant nous
« Les réformes heureuses sont à portée de main », a déclaré Fabien Roussel samedi dernier. Soulignant « un immense espoir pour tous les salariés, les retraités, les familles, la jeunesse », il souhaite « finis les cabinets McKinsey et consorts qui émargent sur les comptes de la République, finie l’évasion fiscale qui siphonne les richesses, finis les cadeaux aux plus riches pendant que les salariés triment ».
Fabien Roussel a insisté sur la nécessité de battre l’extrême droite en « montrant notre utilité » sur les questions du quotidien. Le secrétaire national du PCF a rappelé qu’il reste 30 jours pour convaincre les électrices et électeurs de voter pour la NUPES, à rebours de la « dépression démocratique ».