Drapeaux baissés, République en berne

publié le dans
Drapeaux baissés, République en berne

La mort d’un pape est un événement mondial. Comme celle de la reine d’Angleterre, elle provoque une émotion planétaire, relayée à l’unisson par les médias. Mais la République française n’est ni une monarchie, ni une théocratie. Elle est laïque. C’est pourquoi la décision d’Emmanuel Macron de mettre les drapeaux en berne pour le décès du chef de l’Église catholique est une faute politique majeure et une trahison des principes fondamentaux de notre République.

Le pape n’est pas un chef d’État comme un autre. Il incarne une autorité spirituelle, religieuse, dogmatique. Honorer sa mémoire par un acte officiel de deuil national, c’est rompre avec la neutralité de l’État vis-à-vis des cultes. C’est reconnaître à une Église un statut privilégié dans l’ordre symbolique de la République. C’est ouvrir la voie à toutes les dérives concordataires, à toutes les complaisances, à toutes les régressions.

La laïcité n’est pas un totem poussiéreux, ni une posture antireligieuse. Elle est le fruit d’un combat de classe, porté par les forces progressistes et les travailleurs, contre l’emprise des clergés sur l’école, sur la loi, sur l’organisation sociale de la vie, sur les femmes. C’est ce combat qui a permis l’instruction obligatoire, l’émancipation des consciences, la liberté de croire ou de ne pas croire. Chaque recul en matière de laïcité est une victoire pour les forces réactionnaires, la classe dominante, les capitalistes.

La mise en berne des drapeaux pour un chef religieux est donc plus qu’une erreur : c’est un signal. Le signal d’un pouvoir prêt à instrumentaliser les symboles de la République pour flatter les identités religieuses et esquiver les vrais combats. Un pouvoir qui, à défaut d’égalité sociale, mise sur l’union nationale autour du deuil et du sacré.

Notre classe n’a qu’une boussole : la souveraineté populaire, la démocratie sociale, le pouvoir aux travailleurs, la République laïque. C’est en la défendant bec et ongles, face à tous les replis communautaires, que nous serons fidèles à celles et ceux qui, depuis plus d’un siècle, ont refusé de se prosterner.


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques