Le football professionnel français vit un moment de bascule
Après le fiasco Mediapro, la Ligue de football professionnel (LFP) peine à vendre ses droits télé pour la période 2025-2029. L’offre de DAZN, seule proposition sérieuse, a été jugée trop faible : 150 millions d’euros par an pour huit matchs par journée, très loin des 800 millions promis lors de la signature l’an dernier. Résultat : à quelques mois du début du championnat, la Ligue 1 n’a toujours pas de diffuseur.
Le risque est grand que le foot devienne encore plus inaccessible. Suivre le football aujourd’hui peut coûter 50 euros par mois. Une somme que beaucoup ne peuvent pas se permettre. Pour les autres : c’est le piratage ou la frustration.
Cette impasse révèle une question plus large : pourquoi le football est-il à ce point soumis aux intérêts de plateformes privées ? Canal+ avait, à une époque, su valoriser les sports qu’elle diffusait – en créant de véritables rendez-vous populaires autour des matchs, des émissions, des documentaires. Mais cela restait un modèle marchand, réservé à ceux qui pouvaient payer.
Et si on ouvrait d’autres perspectives ?
Il est temps de mettre dans le débat public de véritables alternatives. J’en propose deux : pourquoi ne pas créer une chaîne dédiée à la Ligue 1, à bas coût, sous contrôle public, sur le modèle de ce qu’expérimentent les États-Unis avec la MLS (Major League Soccer), diffusée via un partenariat exclusif avec Apple ? Sinon, pourquoi ne pas imaginer une diffusion de la Ligue 1 sur le service public, financée par une taxe supplémentaire sur les paris sportifs ou par le rétablissement de la publicité après 20h sur France Télévisions ?
France 3 pourrait diffuser un match régional chaque week-end, et le choc national en prime time. Le reste des matchs, accessibles gratuitement en streaming sur internet. Un service simple, populaire, démocratique.
Le football est un bien commun
Il n’a pas vocation à enrichir des actionnaires, mais à être partagé, vécu, discuté par toutes et tous. Il est temps d’avoir le courage politique de l’arracher aux logiques capitalistes, pour en faire un bien accessible à toutes et tous.
