“La recherche est une priorité”, déclare Emmanuel Macron sur X vendredi dernier. Il appelle les chercheurs états-uniens fuyant l’administration Trump à venir s’installer en France.
Une fois de plus, on aurait aimé y croire. Pourtant, le message pourrait presque passer pour une provocation. Il aurait sans doute sonné plus juste si le dernier budget de l’État n’avait pas supprimé 1,2 milliard d’euros à l’Enseignement supérieur et la Recherche. Encore une fois, les mots sont déconnectés des actes.
Il faut dire que la situation outre-Atlantique est alarmante : Trump et ses ministres mènent une croisade acharnée contre la science, contre les faits, contre les chercheurs.
Oui, nous avons besoin de protéger les scientifiques menacés. Oui, les sciences – techniques comme sociales – sont essentielles pour comprendre le monde et bâtir la société.
Mais aujourd’hui, l’université française, censée être le temple du savoir, est-elle même en péril. Partout, des universités sont dans le rouge. Les jeunes chercheurs enchaînent les CDD précaires, sans perspectives. Et pendant ce temps, le gouvernement prétend pouvoir accueillir des scientifiques venus d’ailleurs ? Mais comment accueillir quand on n’est même pas capable de garantir des conditions dignes ici, pour nos propres étudiantes, étudiants, personnels et chercheuses et chercheurs ?
Les réformes successives – de Parcoursup à la LPR – ont organisé la mise en concurrence entre étudiants, entre chercheurs, entre établissements, entre disciplines. Elles ont détruit les collectifs de travail et asséché les moyens.
Ce qu’il nous faut, ce n’est pas un joli site avec un titre qui fait bien, ce n’est pas une vitrine de façade. Ce dont nous avons besoin, c’est un service public de l’Enseignement supérieur fort, fondé sur la coopération scientifique internationale, accessible et libéré des logiques capitalistes. C’est le seul moyen de faire face aux défis sociaux, sanitaires et écologiques, et de lutter contre les obscurantismes.
Faire de la science une priorité ne se décrète pas en 280 caractères. Cela se prouve par les moyens qu’on y met.
