Réforme de l’assurance chômage : catastrophe sociale annoncée pour la jeunesse

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Réforme de l’assurance chômage : catastrophe sociale annoncée pour la jeunesse

En  catimini, noyé dans le flot des mesures liées au passe sanitaire, Emmanuel Macron dans son discours télévisé du 12 juillet a annoncé qu’il irait jusqu’au bout de son projet de réforme de l’assurance chômage. Après plusieurs reports et une suspension par le Conseil d’Etat, la réforme sera finalement bien appliquée à partir du 1er octobre 2021.

Inacceptable et injuste, le changement du calcul de l’allocation mensuelle

Le mode de calcul du salaire journalier de référence (SJR) est le cœur du problème de la réforme de l’assurance chômage voulue par le gouvernement. 

Le SJR doit être calculé non plus sur le nombre de jours travaillés dans les 24 derniers mois, mais sur un revenu moyen mensuel prenant en compte les jours travaillés, mais aussi les périodes non travaillées. 

Dans ces périodes, on ne retrouve pas que des périodes sans aucun emploi. Sont également prises en compte les périodes de chômage partiel et de congés maladie ou maternité. Celles-ci seront donc ajoutées au dénominateur du SJR, ce qui va mécaniquement réduire le résultat du calcul.

Ainsi, plus les demandeurs d’emploi ont un rythme de travail fractionné, alternant entre période travaillée et non-travaillée, plus ils risquent d’être touchés par une baisse de leur allocation chômage.

Une perte jusqu’à 30% du montant de l’allocation pour les jeunes

D’après une étude de l’Unedic, l’organisme en charge de l’assurance chômage, réalisée à la demande de la CGT, c’est donc les jeunes qui vont être les plus impactés par la réforme, notamment ceux qui entrent sur le marché du travail et qui ont eu des petits boulots pendant leurs études. 

Il suffira d’un petit contrat d’une journée dans un supermarché ou d’une soirée de babysitting déclarée pour réduire le montant de l’allocation d’un jeune qui se retrouverait au chômage après un premier CDD. La réforme pourrait lui faire perdre jusqu’à 30% du montant de l’allocation. On voit bien là l’engrenage pervers induit par la réforme qui est tout sauf juste et équitable.

Selon les estimations de l’Unedic, dans l’ensemble, 63 % des allocataires percevront au total une indemnisation moins élevée et 23 % une indemnisation supérieure. Aussi, cela signifie concrètement qu’un demandeur d’emploi qui met le doigt dans l’engrenage des contrats courts sera sans doute obligé de travailler le plus possible entre ses emplois, pour éviter les périodes creuses, quitte à accepter n’importe quel contrat ou tâche.

Une indemnisation plus basse mais plus longue dans la durée : un argument sournois

En revanche, et c’est là un des arguments déployés par la communication du gouvernement : la durée des droits à l’allocation chômage sera prolongée. 

Ainsi, Elisabeth Borne, la ministre du Travail indique que “le montant total des droits ne baissera pas. Lorsque le montant mensuel de l’allocation est plus bas, alors l’indemnisation est plus longue”. 

Pas sûr que ce raisonnement passe auprès des demandeurs d’emploi qui verront leur indemnité mensuelle baisser, tout en ayant toujours le même montant de factures et autres charges à payer dans le mois.

La réforme va ainsi précariser encore plus ceux qui le sont déjà, à savoir les jeunes, qui sont déjà près de 20% (tranche 15-24 ans, chiffres OCDE) à être au chômage en France en 2021.


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