La loi « plein emploi » et ses effets prévisibles

publié le dans
La loi « plein emploi » et ses effets prévisibles

Adoptée le 18 décembre 2023, la loi « plein emploi » transforme l’accompagnement social en dispositif de contrôle. Elle impose une obligation d’inscription dans les fichiers de France Travail ainsi qu’une activité gratuite de 15 heures par semaine pour percevoir ses droits.
C’est pourquoi, le 15 mai, les employés des missions locales ont cessé le travail. Ils ont été rejoints par les Comités de Travailleurs Précaires et Privés d’Emploi (CTPEP). Le tout, alors qu’une réforme de l’assurance chômage est envisagée pour faire des économies dans le budget 2026.

Le mirage du plein emploi

En 2022, Emmanuel Macron faisait du « plein emploi » un pilier de sa campagne présidentielle. En ligne de mire : un taux de chômage inférieur à 5 %. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a imposé fin 2023 la loi « pour le plein emploi », recentrant tout le service public de l’emploi autour de France Travail, qui remplace Pôle emploi. Le taux de chômage est aujourd’hui de 7,4 % au premier trimestre 2025.

Sous couvert d’efficacité, cette réforme bouleverse les pratiques des missions locales, reléguant l’accompagnement social au second plan. Elle exige un contrôle automatisé des demandeurs d’emploi, y compris des jeunes accompagnés par les missions locales, et conditionne les aides sociales comme le RSA à des obligations d’activité. Dans le même temps, la désindustrialisation s’accélère.

Une mobilisation pour l’accompagnement, contre le contrôle

Les professionnels craignent d’être transformés en agents de surveillance, au détriment du lien humain. Les missions locales, en première ligne auprès des jeunes en difficulté, voient leur rôle d’accompagnement remplacé par une logique de contrôle centralisé. Pour les agents, l’automatisation et la gestion à distance se font au détriment de la proximité. Les parcours des privés d’emploi se standardisent.

C’est pourquoi les agents des missions locales sont entrés en grève le 15 mai. Rapidement, la contestation a gagné du terrain et s’est élargie aux CTPEP.

À Lorient, Clermont-Ferrand ou Strasbourg, ces mobilisations dénoncent ensemble une réforme qui invisibilise les plus fragiles tout en les rendant responsables de leur précarité. Selon Mathilde, ancienne employée de la mission locale de Clermont-Ferrand : « Ce n’est pas une politique pour les jeunes, c’est une punition pour les pauvres qu’on met en place ».

Les privés d’emploi et leurs revendications

Le 15 mai, le Comité national CGT Chômeurs précaires a rejoint la mobilisation à Paris et a fait irruption dans la direction générale de France Travail.

Une action régulière et obligatoire pour les CTPEP, peu écoutés par les directions locales de France Travail et n’ayant pas le statut de syndicats institutionnels. L’action avait pour objectifs de revendiquer les droits pour tous les privés d’emploi et d’informer contre les menaces de radiation.

Comme l’explique Alice, du CTPEP : « Les licenciements pleuvent partout en France. Le gouvernement choisit consciemment de précariser toujours plus les privés d’emploi en réduisant leurs indemnités et en imposant maintenant un minimum de 15 heures de travail gratuit à tous les inscrits à France Travail ». Le tout, sans opportunités d’insertion réelles.

La question du budget 2026

Le gouvernement prépare son budget pour 2026. Les premières propositions ont été dévoilées le 14 juillet dernier. L’objectif est d’économiser 40 milliards d’euros. Une réforme de l’assurance chômage figure parmi les pistes avancées pour y parvenir.

Face aux problématiques économiques du pays et des Français, le gouvernement fait le choix de la continuité libérale. Cette orientation politique mise sur la réduction des droits des plus précaires, ainsi que sur le désengagement de l’État pour faire des économies.


Édition hebdomadaire

Mêmes rubriques