Le Portugal durcit ses règles d’obtention de la citoyenneté

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Le Portugal durcit ses règles d’obtention de la citoyenneté

Le Portugal durcit les règles pour devenir citoyen. Cette réforme répond à la pression de l’extrême droite qui monte dans le pays. Entre discours identitaires et menace néonazie, le climat politique se tend. La citoyenneté devient un champ de bataille.

Un accès plus strict à la nationalité

Le gouvernement de l’Alliance démocratique – une coalition PSD / CDS – annonce un allongement de la durée de résidence requise : de cinq à dix ans pour les non-lusophones, et de cinq à sept ans pour les ressortissants des pays lusophones. La résidence légale sera désormais comptabilisée à partir de l’obtention d’un titre de séjour, et non plus dès le dépôt de la demande. Les enfants nés au Portugal de parents étrangers ne deviendront plus automatiquement citoyens ; leurs parents devront prouver trois ans de résidence légale.

Un test obligatoire et des conditions renforcées

Un test évaluant la maîtrise du portugais, les connaissances civiques et culturelles, ainsi que l’adhésion aux valeurs démocratiques devient obligatoire. Un casier judiciaire vierge est exigé, et toute condamnation supérieure à cinq ans peut entraîner la déchéance de nationalité.

Par ailleurs, une nouvelle police des frontières va remplacer l’actuel Service des étrangers et des frontières (SEF). Cette nouvelle force, intégrée à la Polícia de Segurança Pública (PSP), suscite des débats, notamment sur les ressources humaines et la répartition des compétences avec la Guarda Nacional Republicana (GNR). Le Parti communiste portugais (PCP) souligne la nécessité d’établir des règles claires et de renforcer les services publics pour une meilleure intégration des étrangers.

La montée de l’extrême droite et la menace nationaliste

Ce durcissement intervient alors que le parti d’extrême droite Chega réalise une percée politique, avec une soixantaine de députés et un vice-président à l’Assemblée nationale. Chega, devenu la principale force d’opposition, reflète la tendance européenne de progression des droites nationalistes.

Cette montée s’accompagne d’une recrudescence d’actes violents : agressions d’artistes de la compagnie de théâtre A Barraca et projet d’attaque contre l’Assemblée nationale et la résidence présidentielle, déjoué en juin par les autorités.

En juin 2025, six membres d’un groupe néonazi, le Movimento Armilar Lusitano (MAL), soupçonnés d’activités terroristes, ont été arrêtés. Parmi eux figurait un chef de la police municipale de Lisbonne. Ce réseau, actif sur Telegram avec près de 900 membres, s’est radicalisé pendant la pandémie. Il recrutait des jeunes hommes, souvent issus des forces de l’ordre ou de la sécurité privée, sur des critères idéologiques et physiques. Les cellules autonomes s’entraînaient au tir tactique avec pour objectif de déstabiliser l’État de droit. Les enquêteurs ont saisi armes, explosifs, matériel de propagande néonazie et ouvrages d’Adolf Hitler.

Face à cette radicalisation croissante, le Parlement portugais renforce ses dispositifs de sécurité. L’Union européenne et des responsables nationaux alertent sur l’expansion d’un climat de haine et de violence.

L’identité nationale au centre du débat

La question de l’identité nationale et de l’intégration des étrangers devient un enjeu majeur dans la vie politique portugaise, sous la pression croissante de l’extrême droite. Le gouvernement cherche à répondre à ces défis par un arsenal législatif et sécuritaire renforcé, dans un climat tendu où la citoyenneté est devenue un véritable champ de bataille.


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