Une année blanche pour mettre la France dans le rouge

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Une année blanche pour mettre la France dans le rouge

Le 15 juillet, François Bayrou a présenté son projet de budget. Au milieu des coupes annoncées, la petite musique de “l’année blanche” fait son chemin sans trop de bruit.

Parmi les propositions, comme la suppression de deux jours fériés, ce gel budgétaire paraît presque anecdotique. Il est présenté comme une mesure de bon sens face à la situation financière du pays. Il s’agit pourtant d’une mesure austéritaire, qui frappera de plein fouet les travailleurs et les plus précaires.

Face aux dangers, le choix de l’inertie

Les finances publiques sont dégradées. L’année blanche est présentée comme un simple maintien des dépenses d’une année sur l’autre. Un gel budgétaire dont l’impact serait, nous dit-on, marginal pour le quotidien des Français.

Pourtant, si un maintien ne semble pas être une baisse directe, l’économie évolue, et avec elle, l’inflation. À budget constant, l’augmentation des prix entraîne mécaniquement une baisse de pouvoir d’achat. Il y aura donc bien une dégradation des conditions de vie pour les bénéficiaires d’aides ou de protection sociale.

Des APL au chômage, en passant par les retraites, tous les Français paieront l’inflation. « L’année blanche, c’est en réalité une année noire pour les travailleuses et les travailleurs, pour les services publics », commente Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, le martèle également : « L’année blanche frappera d’abord les plus modestes, avec des hausses d’impôts, moins de services, et des baisses de pensions et de prestations sociales. »

Une année noire pour la fonction publique

Mais les conséquences d’une année blanche ne s’arrêtent pas aux portefeuilles individuels. Les élus locaux, de droite comme de gauche, à la tête de collectivités déjà exsangues, dénoncent les effets en cascade de cette mesure.

Antoine Homé, vice-président de l’Association des petites villes de France (APVF) et maire de Wittenheim, alerte contre le risque d’un « effondrement des investissements », alors que « nous sommes le dernier service public de proximité ».

Côté fonctionnaires, le gel du point d’indice continue de dégrader les conditions de travail dans toute la fonction publique. Dans un contexte d’explosion des risques psychosociaux, dans des services parfois endeuillés, ce gel devient synonyme de souffrance accrue au travail, et donc de recul de la qualité du service public.

Comme un lapin pris dans les phares

La stratégie de l’année blanche ne prend pas en compte les bouleversements d’une économie mondiale en mouvement. L’annonce de l’accord UE – Etats-Unis rend caduque une approche fondée sur l’immobilisme. Pourtant, le Parlement pourrait bien voter cette mesure, soutenue par la droite et l’extrême droite.

À gauche, le Parti communiste défend au contraire une planification des besoins et une économie contrôlée, avec un suivi rigoureux des aides publiques aux entreprises. L’année blanche sera donc combattue comme un choix de sidération, qui laisserait la France figée face aux crises, comme un lapin pris dans les phares.


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