La question surprendra peut-être celles et ceux qui pensaient que l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche marquerait une rupture avec les politiques d’ingérence à travers le monde. Mais elle mérite d’être posée.
Le 21 août, les États-Unis ont dépêché plusieurs destroyers lance-missiles à proximité des eaux territoriales vénézuéliennes. Un croiseur les a rejoints vendredi dernier, après avoir traversé le canal de Panama. Officiellement, ce déploiement de navires de guerre a pour but de « lutter contre le trafic de drogue ».
Une stratégie de déstabilisation de longue date
Washington fait en effet courir la rumeur délirante selon laquelle le président du Venezuela, Nicolás Maduro, serait à la tête d’un réseau international de trafic de stupéfiants : le Cartel de los Soles. Bien qu’aucune preuve de l’implication du président vénézuélien n’ait été fournie jusqu’à présent, Donald Trump promet, depuis le 7 août, la somme de 50 millions de dollars en échange de toute information permettant de mettre Nicolás Maduro sous les verrous. Une somme deux fois plus élevée que celle promise pour Oussama Ben Laden avant sa mort.
Cette accusation farfelue cache bien évidemment une tentative de putsch. Un projet qui s’inscrit dans la continuité de la politique de Washington depuis que le Venezuela a pris la voie de la Révolution bolivarienne à la fin des années 1990. Avec la disparition d’Hugo Chávez en 2013, la politique de déstabilisation du pays n’a fait que s’intensifier. On peut citer la non-reconnaissance des résultats de l’élection présidentielle de 2013 ou encore la classification – par Barack Obama – du Venezuela comme « menace exceptionnelle pour la sécurité des États-Unis » en 2015. Une qualification qui prêterait à sourire si elle n’avait pas servi de prétexte à une première salve de sanctions visant à asphyxier l’économie du pays.
Sanctions et tentatives de putsch
Les choses s’aggravent en 2019 avec la reconnaissance par Washington d’un président fantoche, Juan Guaidó, dans un contexte d’émeutes soutenues par les Occidentaux. Les avoirs du Venezuela à l’étranger sont gelés, les attaques contre la monnaie du pays se multiplient, provoquant une flambée spectaculaire de l’inflation. L’ancien rapporteur indépendant auprès des Nations unies, Alfred de Zayas, n’a pas hésité à qualifier les sanctions américaines, depuis 2017, de « crimes contre l’humanité », au vu de leur impact sur l’économie et la population du Venezuela.
En mai 2020, plusieurs mercenaires de la société américaine Silvercorp sont arrêtés au Venezuela à l’issue de l’échec de l’opération « Gideon ». Selon des documents révélés par la presse étasunienne, ils avaient été recrutés par des membres de l’opposition vénézuélienne très proches de Juan Guaidó afin de kidnapper le président en exercice. Cette manœuvre militaire n’est donc pas un fait isolé : elle s’inscrit dans la continuité d’une politique étrangère d’agression, niant la souveraineté du peuple vénézuélien.
Une politique d’agression mondiale
Pour contrecarrer l’émergence des BRICS et la remise en cause de son hégémonie planétaire, Washington redouble d’agressivité à travers le monde. Cela, y compris envers ses propres partenaires, comme en témoigne le récent traité sur les tarifications commerciales signé avec Ursula von der Leyen. Mais cette politique d’agression s’exprime également à travers les menaces d’annexion du Groenland ou du canal de Panama, l’aggravation du blocus contre Cuba, ou encore le soutien sans faille à la politique génocidaire du gouvernement israélien.