Joker : Folie à Deux, une réussite ? 

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Joker : Folie à Deux, une réussite ? 

Dédoublement de personnalité, romance folle, révolte populaire, justice faillible, voilà les thèmes prometteurs du dernier film de Todd Philips. Joker : Folie à Deux, semble pourtant décevoir les fans de comédie musicale et ceux du premier opus.

Un manque de fond malgré une esthétique réussie

Malgré une esthétique incontestée, une bande originale fougueuse et un jeu fou mené par Joaquin Phoenix et Lady Gaga, il manque un réel fond au propos pour nous garder attentifs deux heures durant. N’effleurant que d’un doigt la possibilité d’accroître les enjeux personnels et sociétaux du premier film, ce deuxième film se trouve être lassant. Philips avait plusieurs opportunités qu’il a finalement peu exploitées : une Harley Quinn quasiment absente, un rythme qui laisse à désirer. Le public attendait donc beaucoup de ce second opus, qui plus est par son aspect de comédie musicale.

Même si faire de ce film une comédie musicale peut avoir du sens, car Arthur Fleck/ Joker trouve en la chanson et la danse une échappatoire à sa réalité, l’idée pêche, les parties chantées arrivent sans grande préparation ou logique scénaristique, ce qui dénature le genre et apporte peu à l’histoire.

Le Joker, une figure de résistance antisystème

Le premier opus donnait naissance au mythe du Joker comme un martyr des bas-fonds de Gotham City, victime de la tête dirigeante : l’entreprise Wayne. Ici, Philips fait de son procès un huis clos, où lorsque Arthur Fleck revêt l’apparence du Joker, il est acclamé de manière déchaînée. Alors, la révolte populaire à tendance anarchiste est amorcée par le mythe d’un tribun qui pourrait les délivrer de leurs existences à la merci des classes supérieures. La justice montre ses failles par le peu de remise en question de l’emprisonnement de Joker du point de vue de l’État de Gotham (représenté par Harvey Dent).

Là où 80 ans de comics avaient réussi à développer un personnage majeur incarnant le mal qui donnait à Batman ses névroses et sa raison de se battre, Philips échoue en ne montrant qu’une infime part de ce qu’est le Joker et de l’anti-héros qu’il incarne réellement.


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