Front populaire : le programme des 100 premiers jours

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Front populaire : le programme des 100 premiers jours

Le Nouveau Front populaire a publié le 14 juin un programme de gouvernement pour réparer la France.

Avec gravité et responsabilité, les forces de gauche se sont unies autour d’un accord pour les élections législatives anticipées qui rompt avec la politique d’Emmanuel Macron.

Le contrat de législature vise à empêcher l’extrême droite d’obtenir une majorité de députés à l’Assemblée nationale.

Disqualifié par sa politique antisociale de ces sept dernières années et son incapacité à trouver une majorité, le camp présidentiel n’est pas en situation de barrer la route au Rassemblement national. Seul le Front populaire peut le faire en tournant la page des dernières années.

Les 15 premiers jours du gouvernement de Front populaire

Le programme est composé de 140 mesures à mettre en place dans les 100 premiers jours du gouvernement si le Front populaire obtient une majorité de députés.

Dès les tout premiers jours, les mesures proposées répondent à l’urgence sociale : gel des prix des factures d’énergie et de carburant, arrêt des réformes des retraites et de l’assurance-chômage, hausse des pensions et des allocations, augmentation du SMIC à 1600 euros net par mois, prix plancher pour les agriculteurs.

C’est par une large mobilisation sociale dans les entreprises que les travailleurs peuvent obtenir des mesures beaucoup plus ambitieuses, comme l’augmentation générale des salaires situés au-dessus du SMIC ou une grille des salaires en fonction de la qualification, comme le propose la Confédération générale du Travail (CGT) et d’autres syndicats de salariés.

Le programme du Front populaire est une base indispensable pour faire face à l’urgence sociale et à la crise politique. Rappelons-nous que le programme du Front populaire de 1936 ne contenait pas l’instauration des congés payés et de la semaine de 40 heures et que ce sont les salariés en grève qui les ont obtenus lors des accords de Matignon.

Des lois de progrès pendant l’été

La première loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale cet été doit améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs. Le programme prévoit en premier lieu une conférence sociale avec les syndicats sur les salaires, l’emploi et les qualifications. Il souhaite aussi indexer les salaires sur l’inflation. Au sujet de l’énergie, la loi proposée annulera la hausse du prix du gaz et certaines taxes.

Les députés devront ensuite légiférer sur la santé pour réduire les déserts médicaux, ouvrir des permanences de soin, recruter des soignants en revalorisant les métiers et les salaires. Également, il leur faudra lutter contre les pénuries de médicaments à l’aide d’un pôle public du médicament et d’obligations de stocks.

Pour l’éducation, la priorité est de réduire les effectifs d’élèves par classe et réinvestir dans l’éducation nationale pour tous les personnels. La gauche fera respecter la mixité sociale et la démocratisation des études supérieures.

Dès les premiers mois, une loi sur l’énergie et le climat doit être votée en visant la neutralité carbone en 2050. Cela passe notamment par l’isolation des logements en aidant vraiment tous les ménages et par la rénovation des bâtiments publics.

Enfin, un projet de loi de finances sera examiné le jour d’anniversaire de l’abolition des privilèges, le 4 août prochain, pour remettre de la justice fiscale, avec un impôt sur le revenu plus progressif tout comme celui sur l’héritage, le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune, la lutte contre l’évasion fiscale et la taxation kilométrique des produits importés.

Sur tous ces sujets, l’intervention des salariés sera déterminante pour la réussite du Front populaire, notamment pour le plan climat, car les travailleurs sont les meilleurs experts pour la transformation écologique de leur outil de production. En s’impliquant, on s’assure d’allier les objectifs écologiques et les objectifs sociaux en termes d’emploi, de qualification, de santé.

Les mois suivants

Pour la suite des événements, le contrat du Front populaire veut renforcer tous les services publics en termes de postes et d’accessibilité. L’ouverture de 500 000 places en crèches et un plan pour les EHPADs sont au programme. Des États généraux des quartiers populaires et des espaces ruraux seront organisés pour réparer la fracture territoriale.

Sur le logement, le Front populaire donne des moyens pour résoudre la crise, avec la construction de 200 000 logements publics par an pendant cinq ans, l’encadrement des loyers et des prix du foncier, l’instauration d’une garantie universelle des loyers et l’ouverture d’un prêt à taux zéro à tous les nouveaux ménages.

Les députés soutiendront également le droit à la retraite à 60 ans, en prenant en compte la pénibilité et en créant de nouvelles recettes, notamment sur les dividendes.

Le programme contient de nombreuses autres mesures, pour revitaliser la démocratie, renforcer la sécurité et de la justice, pour réindustrialiser la France, notamment dans les secteurs stratégiques, développer les transports publics, et bien d’autres sujets.

« Nous n’avons pas besoin d’un catalogue de 400 mesures », déclare Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, dans l’Humanité du 14 juin. « Nous devons dégager un horizon lisible pour le monde du travail. La priorité doit être une loi sur la souveraineté industrielle et salariale pour reprendre en main l’économie du pays. »

Les salariés doivent intervenir dans l’entreprise, « en mettant 50 % d’administrateurs salariés dans les conseils d’administration », précise-t-elle, et en instaurant une « Sécurité sociale professionnelle » pour sortir du chantage à l’emploi et faire face aux difficultés économiques.

Nul doute que la mobilisation des travailleurs dans le Front populaire sera déterminante pour obtenir les moyens de mener jusqu’au bout cette politique sociale, en poussant plus loin le rapport de forces sur l’utilisation de l’argent.


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