Le 10 juillet, une trentaine de militants communistes chargeaient un conteneur de matériel médical pour Cuba. Fruit d’une grande campagne de solidarité du Parti communiste français, cette action s’inscrit dans un contexte où le blocus étasunien frappe toujours plus durement le peuple cubain. L’Avant-Garde a pu s’entretenir avec Charlotte Balavoine, responsable de la campagne.
Concrètement, comment s’est déroulée cette initiative ?
Elle s’inscrit dans le cadre de notre campagne de solidarité avec Cuba, initiée lors du dernier congrès (2023). Grâce à une quarantaine de fédérations participantes, nous avons récolté pendant plusieurs mois du matériel médical : lits d’hôpitaux, pansements, médicaments…
Nous avons mis près de deux ans à organiser cette initiative, pour plusieurs raisons. Cela faisait plusieurs décennies que nous n’avions pas mené une action d’une telle ampleur pour Cuba : ce geste s’était un peu perdu. Il a aussi fallu du temps pour que les camarades s’approprient la campagne dans les fédérations et la mettent concrètement en œuvre.
Nous avons rencontré des difficultés matérielles : beaucoup de gens nous ont donné des boîtes de médicaments déjà ouvertes, voire périmées. L’envoi de médicaments étant très contrôlé, nous avons dû tout inventorier. Et comme tout cela prend du temps, certains médicaments sont devenus périmés entre-temps. Les dons de lunettes nous ont aussi posé problème : bien souvent, la correction des verres n’était pas indiquée. Il a également fallu surmonter des difficultés logistiques : rapatrier à Paris du matériel venu de tout le pays, trouver une entreprise pour l’acheminement, effectuer les démarches auprès de l’ambassade…
Quels étaient les objectifs de l’initiative ?
Il s’agissait de renouer avec une tradition historique du Parti : faire vivre la solidarité matérielle. Par ailleurs, cette campagne nous a permis de cibler les travailleurs du secteur médical, un public que nous ne touchons pas forcément d’habitude mais qui peut être sensibilisé à cette cause.
L’objectif était aussi de renforcer nos liens avec les associations de solidarité et le monde syndical, en particulier la CGT, qui porte depuis longtemps la solidarité avec Cuba. Depuis son dernier congrès, elle s’investit à nouveau pleinement sur le sujet, cette fois au niveau confédéral, et pas seulement dans quelques unions départementales ou fédérations. La dernière rencontre européenne de solidarité avec Cuba, coorganisée aux sièges du PCF et de la CGT, en a été une illustration.
Comment la campagne est-elle reçue ?
Nous avons été agréablement surpris par l’accueil. Les initiatives locales ont suscité un vrai intérêt dans la population : beaucoup ignoraient que le blocus existait encore ou que l’extraterritorialité des sanctions pouvait concerner leur entreprise. Grâce à la campagne, nous sommes désormais très identifiés sur la question de Cuba. Chaque semaine, des gens nous appellent pour nous donner du matériel.
Dans les fédérations, la campagne fonctionne bien. De plus en plus de fédérations s’investissent, au-delà de celles déjà habituées. Pour l’instant, une quarantaine d’entre elles ont organisé des initiatives publiques. Cette année, plusieurs ont choisi de placer leur fête fédérale sous le signe de la solidarité avec Cuba : en Dordogne, le numéro 3 de l’ambassade était présent ; en Gironde, un stand à thème était proposé ; dans le Cantal, un cours de salsa a été précédé d’un débat.
Plusieurs éléments expliquent le succès de la campagne. La solidarité avec Cuba est profondément ancrée chez nous : les camarades s’y sentent à l’aise et ont le sentiment de renouer avec des valeurs fondamentales. La campagne se prête à des initiatives festives, créatrices d’enthousiasme, qui en appellent d’autres. Si l’injustice de la situation choque beaucoup, nous bénéficions aussi du retour d’un certain sentiment anti-américain depuis l’ère Trump.
Quelle suite pour la campagne ?
Sur le plan matériel, nous travaillons à la rédaction de livrets, pensés comme des outils pratiques et politiques pour animer la campagne. D’autre part, nous continuons à recevoir du matériel des fédérations et syndicats, ce qui devrait nous permettre d’envoyer prochainement un deuxième conteneur à Cuba.
Sur le plan politique, un rassemblement est prévu le 26 juillet à Paris, place Jacques Rueff, à 14h. Nous voulons en faire un temps fort de notre campagne, avec une communication importante sur les réseaux sociaux. La Fête de l’Humanité constituera un autre moment fort, avec une démonstration de coopération avec le Parti communiste de Cuba et plusieurs débats. Une conférence est aussi envisagée dans l’année sur l’aspect juridique du blocus. Enfin, nous comptons marquer le coup en 2026, à l’occasion du centenaire de la naissance de Fidel Castro.