Lundi 6 novembre, le PCF dévoilait un plan inédit pour le climat intitulé “Empreinte 2050”. Riche de près de 120 pages d’analyse et de propositions, ce document est destiné à tracer une feuille de route pour la lutte contre le réchauffement climatique. Celle-ci passe impérativement par la réduction de l’empreinte carbone de l’espèce humaine, qui ne pourra être menée “que dans la justice sociale et la coopération internationale”.
Les rédacteurs du plan revendiquent son inscription “dans une autre logique économique à rebours des politiques actuelles au service du capitalisme prédateur”. Ce paramètre est la boussole indispensable pour ralentir le réchauffement climatique : un tel objectif ne peut pas être porté efficacement dans un système capitaliste et doit s’inscrire dans un nouveau modèle de société. “Offrir des Jours heureux” dans une perspective communiste est le seul cap qui puisse être fixé utilement pour inscrire le combat écologique dans le progrès social et l’élévation générale de la qualité de vie.
Se libérer du capitalisme pour agir autrement
“La production capitaliste ne [se] développe qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur.” Ce rappel classique, mais non moins utile, des propos de Karl Marx permet de reposer un constat essentiel : la lutte contre l’environnement doit nécessairement s’inscrire dans la lutte des travailleurs, la lutte contre le capitalisme doit nécessairement allier les deux.
La lutte contre le réchauffement climatique et l’exploitation sans limites de la planète est donc une lutte contre les puissances capitalistes. Dont acte. L’étape suivante vient nécessairement : le discours politique écologiste doit être offensif contre le capital et proposer un nouveau modèle productif. C’est ce que le PCF parvient logiquement à faire avec le plan Empreinte 2050.
Car le réchauffement climatique est avant tout un problème lié au modèle productif. La course effrénée aux profits conduit la bourgeoisie à ignorer complètement les préoccupations liées à leurs émissions de gaz à effet de serre, de produits chimiques, de déchets, etc. La globalisation économique favorise le transport mondialisé des marchandises et l’exportation des activités polluantes vers des pays disposant de peu de moyens pour lutter contre les pollutions et le réchauffement climatique.
Le capitalisme empêche ce faisant toute vision cohérente à long terme. La recherche permanente de richesses dicte les choix économiques des grands patrons qui se tournent vers ce qui leur semble le plus rentable. À cet égard, aucune planification, bonne pour l’environnement, et incidemment bonne pour les travailleurs, ne peut émerger de ce système. La prise en charge des besoins humains et la régénération de la planète doit donc se faire dans une logique de long terme, supposant de mettre le holà aux cupidités démentielles des grands pollueurs.
Dès lors, seul un bouleversement des logiques économiques sera en mesure de renverser la tendance climatique actuelle. L’accaparement capitaliste des profits conduit les patrons à ne pas s’inquiéter des conditions dans lesquels ces derniers sont réalisés. La prise en main du système productif par les travailleurs est nécessaire pour achever l’intégration des préoccupations environnementales dans l’économie.
Le projet communiste comme solution à la crise climatique ?
“Ce que nous voulons in fine, c’est révolutionner notre mode d’action sur la nature pour rendre notre intégration à celle-ci viable sur le long terme. Il ne faudra pour le réaliser rien de moins que la mobilisation du meilleur de l’intelligence collective d’une humanité libérée de ses chaînes. Ce qui est, aujourd’hui comme hier, le projet communiste.”
Cet extrait d’Empreinte 2050 est très éloquent. Pour atteindre ce que Marx appelait la “co-évolution humaine et naturelle”, c’est-à-dire notre intégration viable dans la nature sur le long terme, il est nécessaire de révolutionner notre rapport à celle-ci. Ce rapport est nécessairement appuyé sur le modèle productif, dont découlent la production, mais aussi nos habitudes de consommation.
Repeindre les murs sans jamais les rénover ne servira jamais à rien. La multiplication des règlementations actuelles tend à s’accommoder de l’économie capitaliste mondialisée, que l’on souhaite “guider”, “orienter”, “inciter” à adopter des pratiques “plus vertes”. Ce capitalisme vert attaque les problèmes au stade de leurs effets, ou bien ne s’applique qu’à les limiter au stade de la cause sans jamais penser à s’en débarrasser en les dépassant.
Dépasser les causes profondes du réchauffement climatique, cela suppose que l’humanité se libère de ses chaînes. Retour donc à l’alliance entre lutte pour le climat et lutte des travailleurs. Loin de parler de “bifurcation écologique”, le PCF apparaît comme le seul parti à placer la révolution des rapports à la nature dans le cadre d’une révolution prolétarienne plus large, destinée à transformer profondément notre société.
La domination du travail sur le capital est un préalable indispensable pour libérer pleinement le potentiel de l’intelligence humaine, aujourd’hui corsetée dans les logiques capitalistes de court terme. L’innovation et les savoirs s’épanouiront à condition que les ressources dont ils ont besoin soient allouées dans une logique de planification et de bien-être collectif.
Cependant, dans une société communiste affranchie de toutes les dominations, la nature sera-t-elle épargnée par les pollutions ? La réponse est évidemment négative : la transformation de notre modèle productif n’est pas une panacée.
La création de biens et de services s’appuiera forcément sur l’exploitation de ressources naturelles, parfois inévitablement émettrices de gaz à effet de serre. L’essentiel restera de trouver un maximum d’alternatives aux procédés néfastes, tout en renforçant les capacités naturelles et artificielles d’absorption des pollutions humaines.
Les propositions des communistes pour une révolution de notre rapport à la nature
Le Parti communiste français traduit en propositions cette révolution des rapports humains à la nature. Sans faire de la politique-fiction et dans le but d’atteindre la neutralité carbone dans 30 ans, de nombreuses pistes d’améliorations réelles du système actuel sont explorées.
La clé de voûte de l’édifice est une planification d’un type nouveau. Elle reposerait sur des services publics démocratiques et un accroissement sans précédent des pouvoirs des salariés dans les entreprises.
Donnant la priorité aux besoins identifiés par des pôles publics sectoriels, la production marchande serait directement réglée par les travailleurs. Par la voix de leurs représentants syndicaux, ils auraient de nouveaux droits de décision face au patronat. Des projets récemment impulsés par les salariés de Renault, pour une voiture électrique légère et abordable, ou de la centrale de Gardanne pour une transformation vertueuse de leur outil de production, prouvent que les travailleurs savent comment adapter l’économie aux exigences environnementales.
Cette démocratie dans l’entreprise s’appuie sur des services publics forts, financés à la hauteur des besoins et qui œuvrent pour l’intérêt général. Les transitions dans l’énergie, les transports et le logement devront être largement accompagnées par l’État, les collectivités et leurs établissements publics. Le retour à des monopoles devra faire cesser la concurrence malsaine et la course au taux de rentabilité, pour trouver enfin un chemin cohérent et faire face à l’urgence.
L’accent est surtout mis sur le rôle de l’enseignement. De la maternelle à l’université, des efforts seront déployés pour donner une réelle culture scientifique aux jeunes, ainsi qu’une sensibilisation accrue aux problématiques environnementales. La jeunesse est pleine de potentiel pour l’avenir, et la transformation nécessaire de la société ne se fera qu’en créant des citoyens formés aux enjeux qu’elle présente.
De nouveaux modes de financement sont proposés pour abonder les services publics et l’économie. La transition écologique nécessite un usage du capital pour des buts nouveaux, dans le respect de la planète, et surtout dans une optique de coopération internationale.
En ce sens, la France ne pourra pas avancer seule dans cette lutte, et ne pourra certainement pas avancer sans son peuple. Empreinte 2050 consacre l’une de ses parties à l’acceptabilité sociale des mesures qu’il propose. Sécurité d’emploi et de formation, élévation de la qualité de vie, meilleure répartition du travail, démocratisation des loisirs… tous ces paramètres sont conçus comme participant au progrès global pour la neutralité carbone. Vous êtes prévenus : les “Jours heureux” promis en préambule du plan seront écologiques ou ne seront pas.