En 2016, la France adopte une loi historique : l’interdiction d’achat d’actes sexuels, la reconnaissance des personnes prostituées comme victimes, et la création des Parcours de Sortie de la Prostitution (PSP). Neuf ans plus tard, le bilan est sans appel : la loi fonctionne lorsqu’elle est appliquée, mais l’État la sabote méthodiquement par son inaction.
Le dernier rapport FACT-S, rédigé par cinq associations de terrain, dresse un constat alarmant. La prostitution reste un système de violences patriarcales, où les plus pauvres, les plus précaires, les plus violentées, sont exposées à des agressions quotidiennes. 85 % des personnes prostituées sont des femmes, 75 % sont issues de la traite, 80 % vivaient sous le seuil de pauvreté avant d’y entrer. Le client prostitueur, souvent impuni, négocie des viols tarifés sous couvert de contrat commercial.
Violences, exploitation, destruction de vies
Les conséquences sont dévastatrices : dépression, isolement, VIH, IST, tentatives de suicide de suicide. 68 % des personnes prostituées souffrent de stress post-traumatique sévère — un taux équivalent à celui des anciens combattants. La prostitution des mineurs explose, +285 % depuis 2015, souvent liée à la précarité et à l’exposition précoce à la pornographie.
Quand la répression échoue, les “clients” toujours impunis
L’État investit à peine 3 millions d’euros par an dans les PSP, alors que le coût estimé d’un accompagnement digne est de 4 500 euros par personne et par an. Les associations, bien seules en première ligne, tirent la sonnette d’alarme : l’absence de financements pérennise la violence. Pire encore, l’application de la loi est à géométrie variable : dans plusieurs départements, il n’existe aucune structure de sortie, et les femmes migrantes sont souvent laissées sans solution.
Dans le même temps, le cyber proxénétisme prospère : Camming, OnlyFans, réseaux sociaux. La pornographie est identifiée comme la forme la plus violente et la plus banalisée de prostitution, exposant les jeunes à un imaginaire de domination dès l’adolescence.
Pour une phase III réellement révolutionnaire
Face à cette trahison politique, les associations féministes comme le Mouvement du nid porte l’ambition d’une véritable phase III de l’abolition. Cela implique des financements massifs pour les parcours de sortie, une répression systématique des acheteurs et des proxénètes numériques, une campagne nationale d’éducation et de prévention dès l’école et une politique internationale active pour faire reculer l’industrie de l’exploitation sexuelle.