S’il y a un pays où le capital semblait largement avoir emporté la lutte des classes, c’est bien aux États-Unis d’Amérique. Mais, ces dernières années, les choses semblent changer. On assiste mois après mois à l’apparition d’une véritable contestation sociale de l’ordre économique établi, le vocabulaire marxiste y fait même une douce réapparition.
Les conflits sociaux d’ampleurs se multiplient dans les grandes entreprises américaines ; Amazon, Apple ou encore la méga usine de production audiovisuelle Hollywood ont connu de véritables bras de fer salariaux avec leurs employés.
L’exemple des grèves automobiles du Michigan
Le meilleur exemple en est la grève particulièrement populaire des syndicats de l’UAW — traduit très bestialement en français par syndicat des travailleurs unis de l’automobile – avec près de 75 % de soutien de la population.
Un syndicat qui, à travers la voix de son président Shawn Fain, met en place des mots d’ordre qu’on retrouve régulièrement dans les luttes ; l’augmentation des salaires en lien avec l’inflation, des semaines de travail plus courtes, des protections sociales et de l’emploi pour les travailleurs.
Un conflit qui s’étend
Ce conflit entre le syndicat UAW et les « Big Three » (GM, Ford et Stellantis) n’en finit pas. Après plus d’un mois de grève et tandis que pour beaucoup, la dynamique franchissait, voilà que la mobilisation s’est étendue à 44 usines, touchant jusqu’au cœur du groupe Stellantis. Le 23 octobre dernier, les 6 800 ouvriers de l’usine la plus rentable du groupe étaient appelés à cesser le travail.
Les trois plus gros constructeurs automobiles se trouvent dans l’impasse. Après des décennies de stagnation salariale, plus de 40 000 ouvriers revendiquent une augmentation de 40 % de leurs salaires sur quatre ans, dont la moitié dès cette année.
Si ces mots d’ordre fonctionnent aujourd’hui, c’est aussi parce que la crise COVID a profondément heurté la qualité de vie des travailleurs de l’automobile. Les ventes record dans la période post-COVID ont permis au patronat de s’augmenter grassement, là où les ouvriers n’ont rien perçu.
Des avancées historiques pour les ouvriers américains
Si leur lutte continue, les ouvriers ont déjà remporté certaines avancées politiques fondamentales. Non seulement les piquets de grève sont relayés par la presse nationale, mais ils ont aussi réussi à faire déplacer pour la première fois de l’histoire un président américain en exercice.
Un espoir semble naître au sein d’une classe ouvrière états-unienne, où des syndicats émergent et redeviennent de véritables contre-pouvoirs.