Le 30 avril, les États-Unis et l’Ukraine ont signé un accord historique donnant accès aux riches sous-sols ukrainiens. En pleine guerre commerciale avec la République populaire de Chine, qui produit près de 70 % des terres rares mondiales, cet accès constitue une aubaine pour les chaînes de production américaines. Parmi les ressources concernées figurent le manganèse, le titane (7 % des ressources mondiales se trouvent dans le sous-sol ukrainien), le graphite (20 %), mais aussi le lithium, le zirconium et l’uranium — des matériaux indispensables à la fabrication de semi-conducteurs et de batteries.
Un accord de reconstruction ou de captation ?
L’accord a toutefois bien changé depuis sa conception initiale. Il devait d’abord servir au remboursement de la dette ukrainienne liée à l’aide militaire américaine, estimée à 300 milliards de dollars. Désormais, il prévoit une mainmise américaine sur 5 % des minerais extraits en Ukraine. Les bénéfices tirés de l’extraction de ces terres rares seront versés dans un fonds commun d’investissement, partagé à 50/50, censé financer la reconstruction de l’Ukraine — notamment dans les infrastructures pétrolières, minières et gazières.
La ministre de l’Économie ukrainienne s’est félicitée d’un “accord qui va permettre aux États-Unis d’investir aux côtés de l’Ukraine”, afin “d’accélérer la reprise économique du pays”. Dans les faits, cet accord permet aux États-Unis de s’approprier l’extraction minière ukrainienne sans surcoût. Les bénéfices seront réinvestis dans le développement des infrastructures productives, sans aucune garantie de sécurité ou de contrôle laissée à l’Ukraine.
L’industrie militaire américaine en embuscade
Cette mainmise sur les terres rares profitera principalement à l’industrie de l’armement américaine : Lockheed Martin, General Motors, Boeing… Ces groupes ont besoin de matériaux comme le titane et le zirconium pour la fabrication d’avions de chasse F-15, mais aussi pour la construction du “Golden Dome” annoncée par Washington.
