Des IUT mobilisés contre l’austérité 

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Des IUT mobilisés contre l’austérité 

Cette année, plusieurs mouvements sociaux ont touché les centres d’enseignement supérieurs. Si les manifestations dans les universités ont été médiatisées, celles dans les IUT sont souvent passées à la trappe. Pourtant, leur situation est tout aussi préoccupante.

Des IUT qui se dégradent d’année en année

Initialement, les IUT (Instituts Universitaires de Technologie), étaient un pari : permettre à n’importe quel étudiant ou étudiante, peu importe son origine sociale ou son lieu de vie, d’accéder à un diplôme reconnu, une formation concrète et professionnalisante, souvent en deux ou trois ans. 

Les I.U.T formaient un tremplin pour l’emploi ou la poursuite d’études. Dans le paysage éducatif français, ils étaient ainsi un des rares endroits où l’ascenseur social fonctionnait encore, permettant à des lycéens de bac professionnel ou technologique de continuer dans les études supérieures. 

Mais depuis plusieurs années, les politiques d’austérité appliquées aux facs ont aussi frappé les IUT. Transformation du modèle, réduction des postes d’enseignants, manque de matériel, groupes surchargés, cours supprimés, l’austérité s’est installée. Avec le budget de 2025, la dégradation risque de s’aggraver.

Plusieurs réformes imbriquées

Le gouvernement a récemment annoncé une baisse du financement de l’enseignement supérieur et la recherche. Le ministre a également détaillé une feuille de route austéritaire qui touchera aussi les IUT. 

La baisse des financements aura les effets attendus. Des enseignements seront supprimés, car jugés trop peu rentables. Dans certains cas, des fermetures de filières ou des regroupements obligeront les étudiants à faire des dizaines de kilomètres pour suivre leurs cours. L’encadrement des stages, demande portée par les organisations de jeunesse comme le MJCF ne sera pas à l’ordre du jour.

 Cela s’ajoute ainsi à une modification, depuis le 1er mars, dans les contrats d’apprentissage. Celle-ci passe par deux éléments. Le premier, une baisse du seuil d’exonération de cotisations sociales qui se répercute essentiellement sur les apprentis. De 79% du SMIC, cette exonération passe à 50%. Le second est L’assujettissement des apprentis gagnant 50 % du SMIC à la CSG. 

Selon l’ANAF, association nationale des apprentis de France, pour un apprenti payé au SMIC, cela correspond à une perte nette de 143€.  

À Lannion, la mobilisation s’est mise en place 

Ces annonces sont à l’origine de mobilisations. À Lannion, Toulouse ou encore Limoges, des étudiants en IUT ont bloqué leurs établissements, manifesté et surtout alerté sur la situation. Dans ce cadre, les Jeunes Communistes ont participé activement au mouvement, comme à Lannion dans les Côtes-d’Armor. 

Ainsi, dans l’IUT de Lannion c’est à la suite d’une réunion d’information que le blocage a été voté. Soutenu par une majorité d’étudiants, ce sont près de 150 étudiants qui étaient mobilisés, dès 5h30, pour organiser cette action. Rapidement, le dialogue s’engage avec la direction, qui ne s’oppose pas à une mobilisation qui se fait sans heurts et sans dangers. Cela permet de se concentrer sur l’aspect politique du mouvement.

Si le blocus n’a duré que 2 jours, il est riche d’enseignement pour ces étudiants peu habitués aux mobilisations locales. Selon ces derniers, ce manque d’expérience explique que certains de leurs collègues, bien que d’accord, n’osaient pas prendre une part active au mouvement.

Cependant les assemblées générales furent l’occasion d’informer sur l’actualité. Avec le soutien de la CGT, les étudiants ont cherché à dynamiser le blocus en organisant notamment la projection des matchs de foot sur le mur des bâtiments, via le prêt d’un vidéoprojecteur et d’un groupe électrogène.  Si le manque d’organisation, notamment liée à l’absence de comité d’organisation, a limité la capacité du blocus à durer, cette mobilisation a été l’occasion, pour les étudiants de ce pôle délocalisé de Rennes 1, de s’informer sur les enjeux politiques des réformes en cours. Pour Brewen, militant aux Jeunes Communistes et étudiant à l’IUT, « l’enjeu, désormais, c’est d’être présent dès la rentrée pour que le gouvernement fasse marche arrière. »


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