Construire et rénover des logements étudiants, un projet en béton

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Construire et rénover des logements étudiants, un projet en béton

Premier poste de dépense des étudiants, le logement est en crise, on le sait depuis de nombreuses années. Il existe  quelque 700 000 boursiers pour 380 000 logements étudiants, dont seulement 174 000 sont administrés par le CROUS. Le constat est sans appel : on manque de logements. Ces résidences CROUS sont souvent en piteux état, comme en témoigne la colère des policiers logés dans une résidence parisienne pour les JO.

Le logement, une dépense grosse comme une maison

Le logement est le premier poste de dépense pour les étudiants. Avec 576€ mensuels en moyenne et jusqu’à 838€ à Paris, le logement représente plus de la moitié du budget mensuel de ces jeunes. Pour payer leur loyer et subvenir à leurs besoins, iels sont 44% à travailler en parallèle de leurs études, dont 27% au moins à tiers temps. Or  chaque heure passée à travailler est une heure de perdue pour les études. Le salariat est donc nuisible à la réussite des études. En réduisant les dépenses de loyer par la construction de logements à bas coût réservés aux étudiants, on réduit du même coup le temps passé au travail. Chaque euro qui ne part pas dans un loyer peut être alloué à l’alimentation, à la culture ou aux sports. C’est absolument essentiel quand on sait qu’un étudiant sur 5 ne mange pas à sa faim.

Du fric pour le logement public !

Si 380 000 logements sont réservés aux étudiants, pourquoi le CROUS en administre-t-il à peine la moitié ? Depuis quelques années maintenant, on voit fleurir des logements réservés aux étudiants, mais administrés par le privé. Ces entreprises (Nexity, Arpèj…) proposent des logements aux loyers jusqu’à 5 fois plus élevés que l’alternative publique et ne sont pas éligibles aux APL. La raison invoquée pour ces tarifs est une meilleure offre de service que le public. On y trouve des salles de sport, un service de laverie ou encore des places de parkings censés justifier cet écart de loyer.

En vérité, la raison est plus simple : le privé doit être rentable, c’est sa raison d’être. Si le CROUS, service public, peut se permettre de rentrer tout juste dans ses frais, voire de perdre de l’argent, c’est parce que son objectif premier est de livrer un service de qualité. La solution est donc simple, il faut du fric pour le logement public. Il servira à préempter des immeubles, acheter des parcelles ou encore rénover les logements insalubres. En un mot, développer une offre publique aujourd’hui insatisfaisante.

Rénover l’existant, c’est bon pour le climat et le pouvoir d’achat

La rénovation de l’existant urge. On ne compte plus les cas de cités universitaires insalubres, envahies par les cafards et les moisissures. La mauvaise isolation ou les infrastructures collectives délabrées sont nombreuses, ce qui fait peser un coût supplémentaire pour les étudiants et les bailleurs, que ce soit en chauffage ou en laverie. La rénovation est aussi un enjeu écologique : avoir une meilleure isolation permet une plus faible consommation de gaz ou d’électricité, car la chaleur reste à l’intérieur. Rappelons que le logement est à l’origine de 18% des émissions de gaz à effet de serre, ce qui en fait la 3ᵉ source de pollution de l’air en France.

La construction et la rénovation sont donc des enjeux majeurs pour le portefeuille des étudiants. En diminuant le coût du logement, on permet à plus de jeunes issus de la classe travailleuse d’envisager l’entrée à l’université pour se former. Cet accès universel à l’enseignement supérieur est une nécessité quand on connaît les besoins de travailleurs qualifiés dans la santé, l’enseignement ou pour assurer la transition écologique. Plus la jeunesse sera formée, plus le pays retrouvera ses services publics fonctionnels. Au-delà de l’enjeu économique, cette baisse de dépenses pour les étudiants représente donc un enjeu social bénéfique à la société dans son ensemble.


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