Ce que les législatives (et le recul) nous disent  

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Ce que les législatives (et le recul) nous disent  

Même si l’échec du Rassemblement national lors des dernières élections a rassuré beaucoup de militants et sympathisants de gauche, les leçons de cette période électorale doivent nous inquiéter à plus d’un titre. La tendance d’un vote de classe en faveur du RN est en train de se confirmer de scrutin en scrutin. Les bases électorales de la gauche sont en train de se réduire et de se concentrer sur les centre-villes et les CSP+.   

Nous ne pouvons rester passifs face à ce constat, ni continuer comme si de rien n’était. Cette situation ne vient pas de nulle part. Il s’agit d’une stratégie, sciemment utilisée et théorisée par la social-démocratie française, actant la rupture avec les classes populaires. “Les prolos votent RN ? Pas de problème ! Les centre-villes et les CSP+ suffisent pour avoir une base électorale solide.” Nous ne pouvons nous satisfaire de ce pari cynique. Pire, il est mortifère, et nous amène à notre perte. 

Non seulement cette base électorale n’est pas intéressante pour une perspective révolutionnaire, mais en plus, elle est très faible. Que ce soit en présentant des candidatures communes aux élections, ou en y allant séparés avec nos divergences, la gauche est faible et stagne autour de 30 %. Il semble même que rassemblée, elle s’affaiblisse. Comment s’en féliciter ? Il faut renverser la table. Prendre le contre-pied de la stratégie de renoncement de la gauche social-démocrate. Si une partie de la gauche a abandonné l’idée de parler aux classes populaires, la gauche qui se revendique authentique et populaire ne doit pas baisser les bras. 

Arrêtons de nous préoccuper de ce que pense le petit milieu militant de gauche, mais intéressons-nous plutôt, par exemple, aux millions de jeunes qui regardent et likent les vidéos de Jordan Bardella. Pourquoi font-ils ça ? Comment le RN arrive à séduire cette jeunesse ? Voilà une des questions que la gauche de demain doit se poser, si elle ne veut pas continuer de se réduire comme peau de chagrin. 


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