Remaniement : ingrédients d’une soupe qui va rester indigeste

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Remaniement : ingrédients d’une soupe qui va rester indigeste

Après un suspens digne d’un mauvais polar, la présidence de la République a enfin annoncé la constitution d’un nouveau gouvernement ce jeudi 20 juillet. 

Après une année passée sur les plateaux pour défendre une réforme des retraites insoutenable, quelques grandes figures de la Macronie vont enfin pouvoir prendre un repos bien mérité. 

Nous n’en parlerons pas : membre d’un conseil d’administration d’une grande entreprise, dirigeant de grandes institutions publiques, professeur de droit à Panthéon-Assas ou auteur de romans à succès, ce ne sont pas les perspectives de carrière qui leur font défaut. Les ascensions sont bien plus intéressantes, en cela qu’elles nous donnent un avant-goût de ce que sera leur action à la tête de la nation. 

Petit florilège, donc, de nos nouveaux ministres favoris.

Aurore Bergé, celle qui a tout donné

La nouvelle ministre des Solidarités et des Familles s’était illustrée en 2020 par sa prestation lacrymale. Elle qui avait “tout donné à la Macronie” ne figurait en effet pas parmi les heureux gagnants du remaniement du 30 juillet, qui avait vu arriver Jean Castex à Matignon. 

En 2022, elle avait pu se consoler avec la présidence du groupe LREM, qui lui demandait de s’assurer du bon vote des députés de son groupe. 

La réforme des retraites, passée sans vote à l’Assemblée, a sans doute constitué un vide dans son travail, mais elle peut désormais aspirer à une carrière prometteuse. 

Pour ce faire, elle a déjà annoncé une mesure des plus populaires, en songeant à réduire la durée du congé parental (mais attention : il sera mieux indemnisé).

Aurélien Rousseau, le prof d’histoire à l’hôpital

La carrière du nouveau ministre de la Santé est trop éclatante pour être résumée ici, mais l’énarque était jusqu’à présent directeur du cabinet d’Elisabeth Borne, après avoir dirigé l’ARS de Paris. Pas d’inquiétude à avoir, donc, à l’égard de ce professeur d’histoire de formation, aujourd’hui à la tête de notre système de santé. 

Après une brève crainte de conflit d’intérêt (Aurélien Rousseau est en couple avec Marguerite Cazeneuve, numéro 2 de la Cnam, l’assurance maladie), la Haute autorité pour la transparence de la vie publique nous a rassurés, en affirmant que non.

Gabriel Attal, du privé au public

Le lendemain seulement de sa nomination, Gabriel Attal n’y tenait plus : pour la première fois de sa vie, il a pu visiter une vraie école publique. 

En effet, le nouveau ministre de l’Éducation nationale a fait l’intégralité de son cursus scolaire à l’école alsacienne, privée donc. Hasard sans doute, c’est dans cet établissement que Pap Ndiaye a inscrit ses enfants. 

Toujours est-il que cela donne un aperçu de sa connaissance pointue de l’école publique, pilier de notre République. Si l’école visitée par Gabriel Attal était en partie détruite, on pourrait garder espoir qu’il en reste quelques-unes à la fin du mandat du jeune ministre.

Sarah El Haïry, qui va pouvoir mettre la biodiversité au pas

Nouvelle secrétaire d’État chargée de la biodiversité, l’ancienne militante UMP s’est illustrée par l’énergie qu’elle a déployée en étant la première actrice du déploiement du Service National Universel.

Le dispositif, qui a déjà fait la démonstration de son incapacité à garantir aux jeunes la mixité sociale, ou même la sécurité la plus élémentaire, est aujourd’hui contesté par une large partie de la jeunesse. Sarah El Haïry quitte donc “un des plus grands projets dont la nation a besoin”, pour se consacrer à la biodiversité. 

Après avoir pris pendant plusieurs années les jeunes pour des oignons qu’il suffit de mettre en rang, espérons qu’elle soit enfin arrivée dans un domaine qui lui convient davantage.

Les inamovibles de la Justice et de l’Intérieur

Si les changements ministériels peuvent laisser un léger goût de déjà-vu, qu’on se rassure : certaines choses ne changeront jamais. 

Ainsi, les deux compères de la Justice et l’Intérieur, en place depuis juillet 2020, vont avoir l’occasion de poursuivre leurs aventures encore quelques mois au moins. 

Entre propos réactionnaires, mesures inégalitaires et ouverture d’un boulevard à l’extrême droite, le nouveau gouvernement garde de l’ancien le goût rance d’une politique nauséabonde et profondément inadaptée aux aspirations populaires, et notamment de la jeunesse. 

À nouveau, la soupe va être indigeste. Et si elle ne fait pas grandir, c’est bien nous qui allons la payer.

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