Douarnenez, une ville finistérienne réputée pour son industrie de la sardine, de la pêche à la mise en conserve, comptait 40 conserveries en 1920. Tandis que les hommes étaient en mer, les femmes travaillaient dans ces conserveries, dans des conditions pénibles et précaires.
Les conditions de travail difficiles auxquelles elles faisaient face les poussèrent à se mettre en grève à plusieurs reprises, notamment en 1924.
Cette grève leur permis d’obtenir une augmentation salariale et de faire élire la première femme en France, Joséphine Pencalet, sur la liste du PCF. Mais le préfet a considéré son élection comme illégale. Dans leur lutte contre le patronat, les “Penn Sardin” (tête de sardines) pouvaient compter sur le soutien du maire communiste de Douarnenez, Daniel le Flanchec, mais aussi du Parti communiste français, notamment avec Charles Tillon ou Lucie Colliard.
Le coup des patrons
Cette agitation ne plaît pas aux patrons, qui décident alors d’embaucher des briseurs de grève, des “jaunes”, lors d’une réunion à Paris, au siège du “syndicat libre”, un syndicat patronal. Les patrons recrutent des mercenaires pour mettre un terme à la grève en assassinant Daniel Le Flanchec, que les capitalistes considèrent comme le leader du mouvement syndical douarneniste…
En fin d’année 1924, une dizaine de briseurs de grève arrivent dans la ville sardinière, et se font vite remarquer.
Ainsi, le jour du Nouvel An, Le Flanchec rejoint l’arrière-boutique du bar “l’Aurore” afin de fêter avec des amis. Alors qu’ils commencent à chanter l’internationale, pris de colère, un des mercenaires se dirige tout droit vers l’arrière-boutique. Mais un marin l’en empêche, le mercenaire lui tire dessus et l’homme s’écroule. Puis, il tire sur Flanchec qui vient de sortir. Il tombe au sol avec la gorge en sang. Le neveu de Flanchec reçoit également une balle dans la tête. Le docteur ainsi que trois ambulances de Quimper sont immédiatement appelés.
Une réaction
Les briseurs de grèves logent à l’hôtel de France, à quelques encablures de la scène de crime. En réaction, les penn sardin prennent d’assaut le bâtiment où les mercenaires s’étaient retranchés. Ils s’enfuirent par les toits. En dix minutes, l’hôtel est mis à sac. La gendarmerie intervint alors pour déblayer la rue à coups de sabres. Des chevaux sont blessés et des gendarmes sonnés.
Quant à la presse, la vaste majorité des journaux couvrent avec méfiance le mouvement social de ces “Moscovites”. Cependant, avec l’assassinat de Flanchec, celle-ci défend le mouvement.
Le matin du 2 janvier, une nouvelle de Quimper arriva dans la ville rouge, “M. Flanchec va mieux ; son neveu plutôt mal, le troisième va bien. ” Flanchec est en vie !