La Cour d’assises spéciale de Paris juge jusque fin décembre huit personnes impliquées dans l’assassinat du professeur d’histoire-géographie. Cet attentat d’octobre 2020 rappelle combien l’enseignement de l’histoire est important.
Un procès est le moment pour la société de trouver la vérité, déterminer les faits et la culpabilité, mais aussi de mieux comprendre. En plus d’être un procès portant sur la complicité de terrorisme, c’est là un procès à propos de la haine à l’égard d’un enseignant et les valeurs, le projet de société qu’il incarne. Avant le meurtre, il y a eu la dénonciation publique, la diffusion de fausses informations, la mise en cause haineuse d’un enseignement.
Enseignement républicain
Cet enseignement est celui de l’histoire et des valeurs démocratiques et républicaines qui le portent.
La République enseigne à tous ses enfants une histoire scientifique, critique, nourrie des recherches universitaires et de débats contradictoires, du dépassement de ses propres limites. Elle enseigne une histoire complexe.
Nos programmes d’histoire-géographie revendiquent une approche problématisée et une recherche de l’esprit critique. Leur finalité est la formation d’un citoyen cultivé et outillé intellectuellement. Ils consacrent enfin la liberté et la responsabilité pédagogiques de l’enseignant pour « construire des situations d’enseignement » propices à la maîtrise de capacités, méthodes et connaissances.
Les élèves développent ainsi une réflexion sur les sources, les contextes, le temps, etc., ils acquièrent une conscience historique indispensable à la vie démocratique.
Vouloir censurer les enseignements ou les orienter vers une vision unilatérale et simpliste du monde et de l’histoire, c’est un refus assez net du projet républicain de notre pays.
La haine de l’école
Certains l’ont fait très violemment, d’autres se contentent pour l’instant de jeter le doute sur les enseignants en leur imputant un agenda politique, là où, de la manière la plus neutre possible, ils essaient de faire comprendre la complexité du monde.
L’école, et les sciences, sont accusées par des réseaux plus ou moins complotistes et réactionnaires de tout à la fois propager une idéologie pro-transgenre selon un Zemmour, « islamo-gauchiste » selon même certains ministres.
On reproche à l’emporte-pièce, dans certains médias, aux profs de se censurer et de renoncer à enseigner la laïcité ou l’histoire de la Shoah sous la montée de l’islamisme. D’autres organisations reprochent au contraire à l’école d’être carrément islamophobe.
Toutes ces accusations infondées, faciles et rapides, relayées par des « parents vigilants », ou des associations communautaires, fragilisent l’école, défient sa légitimité et finalement mettent en danger les enseignants.
Le procès en cours montrera probablement que le terroriste n’a pas été le seul et unique responsable, mais qu’il y a eu, nous le verrons, des complices et au moins des gens qui ont traîné un enseignant dans la boue publiquement et ont conspué la mission civique de l’école.
Charge aux citoyens de soutenir l’ambition de l’accès pour tous à la scientificité, à la discussion rationnelle et à l’esprit critique.