Alors que l’extrême-droite progresse sans cesse, deux visions de la France s’affrontent. D’un côté, une vision ethnique, raciste, repliée sur elle-même. De l’autre, une vision civique, ouverte, fière de son histoire d’émancipation sociale.
Ma France
De façon assez claire et évidente, le terme nationaliste renvoie à l’idée de nation, quand celui de patriotisme à celui de patrie. Il est intéressant de voir le renversement qu’a vécu le terme nationaliste, tant d’un point de vue sémantique que politique. Le terme renvoie d’abord au XIXᵉ siècle et à l’idée de « faire Nation », de construire la Nation en tant qu’entité politique collective. C’est ce qu’on retrouve notamment durant la Révolution française.
Dès cette période s’affrontent deux visions de la Nation, une vision très française, universaliste, ouverte et inclusive, qui définit une Nation civique. Une Nation dans laquelle chacun à sa place lorsqu’il participe à la vie de la Cité. De l’autre côté s’oppose une conception ethnique de la Nation, celle d’un droit du sang et au final une vision restrictive. C’est ce que l’on peut nommer de l’ethno-nationalisme.
L’idée de patriotisme, elle, renvoie là aussi de manière claire et évidente à la patrie. Cela renvoie plus à la question du pays, lorsque la Nation renvoie à la définition du peuple. Le patriotisme se distingue nettement sur l’amour d’un pays plus que d’un peuple, en cela, il charrie d’autres valeurs, plus émancipatrices et moins restrictives.
L’amour des siens et la haine des autres
Aujourd’hui, ces deux visions de la France s’affrontent, mais au fond qu’elles sont-elles ? L’une est l’héritière du nationalisme d’extrême-droite raciste, xénophobe et antisémite théorisé par Charles Maurras et Maurice Barrès dans la première moitié du XXᵉ siècle et appliqué durant le Régime de Vichy par les pétainistes. L’autre se perçoit comme héritière de la Révolution et de la Commune de Paris, vectrice d’émancipation et en lutte pour être à la hauteur de cette Histoire.