Prétendant défendre la ruralité et les services publics de proximité, Marine Le Pen affirmait dans une interview pour l’Opinion en 2022 qu’il fallait « un accès renforcé aux services publics (…) en zones rurales, en particulier. »
Qu’en est-il aujourd’hui ?
La Poste vendue aux intérêts américains
Jean-Philippe Tanguy, député RN, annonce désormais, toujours dans l’Opinion : « L’État verse 300 millions pour le service public postal. On peut très bien trouver un arrangement en reportant cela sur Amazon ou autre. » Concrètement, ce n’est plus l’État français qui financerait ce service public essentiel, mais une entreprise privée américaine, donc avec des intérêts. Au contraire, taxer Amazon suppose qu’on s’accommode de leurs profits, là où la nécessité est à la reconstitution d’un service public fort sur tout le territoire.
Un bel exemple de l’ambition du RN pour la qualité du service, toujours bradée quand il s’agit de l’ouvrir au privé.
Un risque pour la démocratie
En période électorale, on peut trouver inquiétant que la distribution des bulletins de vote ne relèvent plus du service public. En 2021 déjà, lorsqu’une entreprise privée, Adexo, avait été chargée d’envoyer la propagande électorale aux côtés de La Poste, le fiasco était total : plus de 20 000 Français n’avaient pas reçu les professions de foi, ne pouvant voter de manière éclairée. De nombreuses personnes avaient également fait état d’enveloppes jetées en vrac dans les halls d’immeuble, les poubelles, et même cachées dans la forêt !
La ruralité en première victime
On note également que les premières victimes de cette mesure seraient les zones rurales, alors même que le RN s’en revendique grand défenseur. Laisser le marché à Amazon (ou toute autre entreprise répondant à l’impératif du profit) ne fera qu’accélérer la fermeture des bureaux de poste, déjà bien avancée dans les zones rurales. Cela mettra en difficulté toute une partie de la population qui a besoin de ce service essentiel ainsi que de ses agents pour l’aider à effectuer ses démarches.
La rhétorique de la souveraineté française s’en voit entachée : quel souverainiste vendrait un service public français à une multinationale américaine ?
Le visage néolibéral du RN et sa volonté de combler le déficit public par tous les moyens aux dépens des intérêts populaires sont bien clairs.