Le piège du débat institutionnel

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Le piège du débat institutionnel

Depuis les résultats du second tour des élections législatives, la cacophonie règne. Le président de la République est responsable de cette situation. En dissolvant l’Assemblée nationale, en ne reconnaissant pas sa défaite, il crée le chaos. L’actualité politique et sociale est désormais réduite à des débats institutionnels, éloignés de la réalité des jeunes. À qui profite le crime ?

Nous sommes donc dans une période de flou, où le débat politico-médiatique traîne autour de sujets très techniques : quelles sont les conditions pour démettre un président ? Comment faire passer des lois sans majorité absolue ? Comment se déroule l’élection d’un questeur de l’Assemblée nationale ?  Comment est élu le bureau de l’Assemblée ? Comment faire voter un budget sans majorité absolue ? Que se passe-t-il si personne n’y arrive ? Ces questions, si on ne peut pas les évacuer d’un revers de la main, sont fort techniques, et font s’arracher les cheveux des collaborateurs d’élus, juristes et dirigeants. Mais c’est tout. Il faut dire qu’avant cet été, personne ne s’était intéressé à cela. 

Focaliser le débat sur ces questions techniques nous fait oublier un élément essentiel : les institutions ne sont que le reflet des rapports de forces dans la société, et non l’inverse. Vouloir s’occuper des premières sans tenir compte des seconds est une illusion. 

Pendant ce temps, de nombreuses familles n’ont encore pas pu partir en vacances cet été. Pendant ce temps, le coût de la rentrée fait mal au budget de beaucoup de foyers. Pendant ce temps, on se demande comment faire pour payer sa licence sportive pour continuer à pratiquer cette saison. Et presque personne n’en parle. Il est évidemment important qu’une poignée de responsables politiques élaborent des stratégies pour tenter d’obtenir des victoires au Parlement, mais est-ce obligatoire de ne faire que ça ? 

La gauche authentique et populaire, la gauche utile, doit se poser une seule question : comment faire pour que nos propositions, que ce soit sur les salaires, les services publics, ou les retraites, soient majoritaires demain dans le pays ? Soyons même plus ambitieux : comment faire pour qu’une majorité de travailleurs soit prête à se mettre en grève, à manifester pour aller obtenir des conquêtes sociales ?  Voilà ce dont il nous faut parler. 

La gauche qui ne fait pas cela, et pense régler la question du rapport de force face au capital à coup de débats institutionnels, c’est ne pas comprendre ce qui fait notre faiblesse c’est la force de nos adversaires. Quand nous ne parlons pas de la vie des gens, le désespoir et la colère continuent de progresser. Et sur ces bases-là, nous savons qui gagne à la fin.  


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