La Guadeloupe entre néocolonialisme et luttes populaires

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La Guadeloupe entre néocolonialisme et luttes populaires

La Guadeloupe est un département d’outre-mer français situé dans les Caraïbes. Elle traverse depuis plusieurs décennies une crise structurelle profonde. Derrière la carte postale touristique, se cache une réalité marquée par le néocolonialisme, la précarité économique, et une dépendance politique qui entrave l’émancipation de son peuple. Il est essentiel d’analyser cette situation non pas comme une fatalité, mais comme le produit d’un système : le capitalisme et la domination impérialiste.

Un territoire sous domination

La Guadeloupe est toujours administrée comme un département français, avec une dépendance certaine vis-à-vis de l’État central. Cette situation reflète une continuité coloniale. Les décisions politiques et économiques majeures sont prises à Paris, sans réelle participation populaire locale. 

Le peuple guadeloupéen, issu en grande majorité d’une histoire de traite négrière et de la colonisation, subit encore aujourd’hui une aliénation culturelle et politique. Le système éducatif, l’organisation sociale et les infrastructures sont pensées pour répondre aux standards de la métropole et non aux besoins du pays réel. 

L’illusion de l’égalité républicaine masque une réalité de dépendance néocoloniale. Comme l’écrivait Frantz Fanon dans Les Damnés de la Terre : « Le colonialisme n’est pas une machine à penser, n’est pas un corps doué de raison. C’est la violence à l’état de nature. »

Une économie de dépendance et d’injustice

L’économie guadeloupéenne repose largement sur l’importation de biens de consommation venus de France et sur le secteur public, qui emploie près de 40 % des actifs. Cette dépendance empêche le développement d’une économie locale, au service des besoins locaux. 

Le secteur agricole, autrefois pilier de l’économie, a été démantelé par les politiques libérales et les intérêts des grands planteurs békés, héritiers directs des colons esclavagistes. La monoculture de la banane, exploitée pour l’exportation vers l’Europe, ne bénéficie qu’à une minorité tandis que la majorité des petits agriculteurs survivent avec des moyens dérisoires.

Le scandale du chlordécone, pesticide hautement toxique utilisé avec la complicité de l’État français, est un exemple tragique de cette logique capitaliste de profit au mépris de la vie humaine. L’exploitation des terres et des corps, hier par l’esclavage, aujourd’hui par la pollution et la misère, illustre ce que Samir Amin appelait la « périphérisation » du Sud par le capitalisme mondial.

Une jeunesse sacrifiée

Le chômage touche un tiers de la population active et plus de la moitié des jeunes. Faute de perspectives, nombreux sont ceux qui émigrent vers la métropole. Cette fuite des cerveaux est une saignée pour la société guadeloupéenne. Elle entretient un cercle vicieux où l’élite formée localement part au profit de la France, tandis que la majorité reste enfermée dans la précarité.

Pour une rupture révolutionnaire

Face à ce constat, une alternative révolutionnaire s’impose. Pour le Parti Communiste Guadeloupéen il ne s’agit pas seulement de demander plus d’aides de l’État français, mais bien de remettre en cause le système qui organise cette domination. Le projet communiste pour la Guadeloupe repose sur trois piliers : l’autodétermination du peuple guadeloupéen, la réappropriation collective des moyens de production, et la solidarité avec les autres peuples en lutte, notamment dans les Caraïbes.


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