Affaire Le Scouarnec et protection de l’enfance : une urgence politique

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Affaire Le Scouarnec et protection de l’enfance : une urgence politique

Deux cent quatre-vingt-dix-neuf victimes. Violés, agressés, brisés à jamais. L’affaire Le Scouarnec n’est pas seulement une tragédie : c’est un drame systémique. Comment un tel prédateur sexuel a-t-il pu sévir pendant des décennies, dans une vingtaine d’hôpitaux, au sein même d’institutions censées soigner et protéger ? Comment les alertes ont-elles pu être enterrées, les responsabilités diluées, l’omerta maintenue ?

Ce que révèle cette affaire, c’est l’ampleur des violences sexuelles sur enfants en France, et surtout l’incapacité de notre système à les prévenir, les repérer, les faire cesser. C’est ce que n’ont cessé de dénoncer les associations de victimes, les professionnels, et récemment encore la CIIVISE, dont les recommandations doivent devenir un véritable plan d’action.

Mais pour cela, il faudra bien plus que des discours. Il faudra des moyens, des embauches, une volonté politique. Les communistes le disent depuis toujours : il n’y a pas de protection de l’enfance sans services publics forts. 

J’entends déjà les “De toute façon avec vous c’est toujours une question de moyens.” J’assume. Quand les travailleurs sociaux nous disent qu’ils gèrent seuls des dizaines de situations à haut risque, quand les professionnels de la petite enfance nous disent qu’ils n’ont ni le temps ni les conditions pour repérer les signes de maltraitance, quand les magistrats eux-mêmes alertent sur une justice saturée qui classe des dossiers faute de personnel, oui, c’est une question de moyens.

Pas uniquement au sens comptable du terme, mais au sens politique. Les moyens, ce sont des humains, des postes, des temps d’écoute, des capacités d’agir. Refuser d’en parler, c’est accepter que d’autres enfants passent à travers les mailles. Et ça, nous le refusons.

Nous ne voulons plus jamais ça. Ce combat est le nôtre. Celui d’une génération qui ne tolère plus les compromis avec l’indicible. Celui d’un mouvement qui porte l’exigence d’une société qui protège, écoute, soigne, et agit. Parce qu’un enfant agressé, c’est une société qui a failli. Et parce qu’on ne reconstruit pas l’avenir sur des ruines.


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