C’est un bouleversement dans le monde du théâtre. Après une tribune écrite sur le site du Syndicat des entreprises artistiques et culturelles, le directeur du Théâtre Nouvelle Génération – Centre dramatique national de Lyon a vu ses subventions annulées par la région Auvergne Rhône Alpes.
Dans cette tribune, Joris Mathieu dénonçait la peur qui s’est installée entre le monde de la culture et le président de région Laurent Wauquiez.
Celui-ci aurait pris pour habitude de couper régulièrement et en cours d’année les subventions des structures n’allant pas dans son sens.
Une drôle de politique culturelle
Au-delà de considérations personnelles, la politique culturelle de la région a des répercussions catastrophiques sur l’accès à la culture et la durabilité du maillage culturel.
En effet, les coupes budgétaires annoncées dans un but de redistribution, dont pour l’instant les acteurs locaux n’ont pas vu la couleur, font surtout craindre à des licenciements massifs dans le secteur culturel de la région.
Un budget régional en deçà de la moyenne nationale
Une politique bien loin de ce qu’on pourrait espérer pour la culture. Surtout lorsque l’on sait que la région Auvergne-Rhône-Alpes est la deuxième région la plus peuplée de France, mais est avant-dernière en pourcentage de son budget global alloué à la culture.
Dans les faits elle consacre 8,44 € par habitant et par an, contre 12 en moyenne nationalement.
Si tout fonctionne comme prévu, la fragilisation du secteur culturel sera totale et les artistes, directrices et directeurs de lieux culturels, n’auront pas d’autres choix pour être financés, que de construire des événements qui servent les intérêts du Président et son idéologie.
Et tout fonctionne comme prévu, car, pour survivre, les acteurs culturels n’ont pas le choix de se plier aux injonctions régionales. Le prix payé pour ça est fort malgré les valeurs fondamentales en France que sont la liberté de création et de programmation.
Des budgets nationaux à la baisse
Les baisses de subventions ne sont pas une exception de la région Auvergne Rhône Alpes.
Au contraire, les directives ministérielles sont claires « Mieux produire pour mieux diffuser ». La traduction est assez simple « Moins produire et diffuser plus longtemps » et donc moins de subventions.
La seule chose que cela va créer est une captation des subventions par les compagnies et structures déjà installées avec des spectacles sans trop de risques artistiques pour être sûres de remplir les salles.
Que faire de la création contemporaine ? Des jeunes compagnies qui peinent à trouver des lieux de diffusion ? Sommes-nous condamnés à voir du Molière à longueur de temps ?
L’autre risque est que le privé prenne une position hégémonique dans le pays. En effet, nous l’avons vu lors de la cérémonie des Molières 2023, le processus de privatisation ne semble pas échapper au monde de la culture.
Pourtant, l’utopie de la culture pour toutes et tous, l’ambition de service public que se donnaient les créateurs et créatrices de notre maillage culturel, ne peut fonctionner sans une réelle ambition de financement à hauteur des besoins.
