Élu député en 1885, Jaurès entend mener des réformes profondes pour la justice sociale. Ancré dans le “socialisme de la Révolution française”, c’est avec la République et la Patrie chevillées au corps que Jaurès porte son combat pour “la Sociale”.
Pour lui, seule la République réunit les conditions nécessaires à l’aboutissement d’une démocratie totale. Elle doit être poussée jusqu’au bout, de l’atelier à la Chambre des députés.
Cinq citations marquantes de Jaurès sur la République.
« C’est dans le prolétariat que le verbe de la France se fait chair »
Cette phrase est prononcée dans la Chambre des députés le 14 décembre 1905.
Quelques mois plus tôt éclatait la crise de Tanger, qui opposait la France et l’Allemagne dans la course à la colonisation au Maroc. Cette crise, annonciatrice de la confrontation à venir entre les deux nations, marque un tournant nationaliste. S’opposant au risque de guerre que représente cette tentative de coup de force de la France au Maroc, les socialistes, dont Jaurès, sont accusés de traîtrise et d’anti-patriotisme.
Dans cette même année où le mouvement socialiste français parvient à s’unifier au sein de la SFIO, cette phrase symbolise la puissance d’un socialisme qui serait capable d’incarner la patrie elle-même.
Ici Jaurès s’oppose à une conception belliciste et mortifère de la patrie. Il plaide pour la construction d’un patriotisme de paix et de fraternité.
« Sans la République, le Socialisme est impuissant, sans le Socialisme, la République est vide »
Extraite de sa profession de foi pour les législatives de 1906, cette phrase est à elle-seule une synthèse du combat pour la construction de la République sociale.
L’idée que se fait Jaurès de la République sociale va plus loin que l’idée d’un État-Providence où l’on assure le minimum de solidarité pour toutes et tous. C’est en bon marxiste que Jaurès affirme deux choses ici : d’une part, la république contient les germes du socialisme ; d’autre part, le socialisme est la République en acte. Bien plus qu’un cadre légal et constitutionnel, la République est indissociable de la volonté d’égalité réelle entre les citoyens.
« La République a vaincu parce qu’elle est dans la direction des hauteurs, et que l’homme ne peut s’élever sans monter vers elle. »
Dans son Discours à la Jeunesse, prononcé à Albi dans le lycée où il enseignait 32 ans plus tôt, Jaurès ne se contente pas de rêver une société lointaine et utopique. Il entend créer les conditions de la paix de demain. La condition pour que l’homme puisse s’élever passe par la construction d’un bien commun, qu’il nomme L’Humanité.
Véritable plaidoyer en faveur de l’action et de la volonté humaine, au moment où le péril nationaliste semble de plus en plus se concrétiser, c’est par la construction d’une société permettant l’émancipation de chacun que l’homme s’élève et s’affranchit. Pour lui, c’est bien la République qui répond à cet enjeu d’élévation collective. Il disait à ce propos, 10 ans plus tôt : « Quand on déplie le mot République, toute l’idée socialiste, toute l’idée généreuse, toute l’idée humaine et de justice y est répandue. »
« La République doit être laïque et sociale, mais restera laïque, car elle aura su être sociale »
Très souvent citée ces dernières années, cette phrase est tirée de son plaidoyer Pour la Laïque, en faveur de la loi de séparation des Églises et de l’État.
Elle illustre l’un des grands combats de Jaurès : la laïcité comme principe fondamental de la République et conquis révolutionnaire. S’assurer que le gouvernement et ses institutions ne se mêlent pas des affaires de religion est la seule garantie que l’État assure la liberté de chaque citoyen à s’exprimer pleinement. La laïcité est par là garante de paix, mais elle est aussi garante de démocratie : un citoyen pouvant discuter librement des choses de la religion est un citoyen qui peut tout autant discuter librement de la politique.