Le journaliste réactionnaire et soutien indéfectible d’Éric Zemmour, Geoffroy Lejeune, accédera à la tête de la rédaction du Journal du dimanche la semaine prochaine. L’équipe du journal n’a pas l’intention de cautionner cette nomination et s’est engagée dans un mouvement d’opposition massif, soutenu par la quasi-unanimité des journalistes.
Ce mardi, la rédaction a voté en Assemblée générale sa 33ᵉ journée de grève consécutive à près de 98 % des voix. Les journalistes refusent l’arrivée de Geoffroy Lejeune et aspirent auprès de leur direction à de multiples garanties concernant leur indépendance juridique et éditoriale.
Revenons sur l’ampleur de cette crise que traverse le JDD depuis plus d’un mois, unique après 75 ans d’existence du média.
Derrière la nomination de Lejeune : Bolloré et son projet politique
C’est un peu plus d’un mois après avoir été licencié de Valeurs Actuelles que Geoffroy Lejeune prendra la tête de la rédaction du Journal du dimanche. Derrière sa nomination, le milliardaire breton Vincent Bolloré, bientôt propriétaire du journal via le groupe Lagardère dont il est le principal actionnaire.
La rédaction du JDD s’oppose donc aujourd’hui à la montée du journaliste d’extrême droite, qui concrétise l’emprise d’une poignée de mains fortunées sur la presse française. Mains qui comptent bien assurer leurs intérêts et influencer l’opinion publique en fonction de ceux-ci.
C’est pour cela que la rédaction en grève du JDD revendique auprès de sa direction de multiples garanties concernant leur indépendance juridique et éditoriale.
En France, seuls 11 milliardaires détiennent effectivement 80 % de la presse quotidienne, 60 % de la part d’audience télévisuelle et la moitié des audiences de la radio. L’un d’entre eux n’est autre que Vincent Bolloré, connu pour dérouler le tapis rouge à l’extrême droite et aux idées réactionnaires par le biais des nombreux médias qu’il s’approprie.
Dans un communiqué commun, les rédactions, aux lignes éditoriales pourtant diverses, de L’Humanité, de l’AFP, de Libération, du Figaro et des Échos avaient dénoncé « des tentatives inacceptables de Vincent Bolloré » pour les « faire taire en essayant de ruiner financièrement les journalistes ».
La nomination de Lejeune au JDD entre donc pleinement dans un agenda politique réactionnaire orchestré par le milliardaire breton. La rédaction a conscience du brutal virage éditorial qui la menace et s’illustre depuis plus d’un mois dans un mouvement de grève historique.
L’opposition de la rédaction toujours vive et déterminée
Lundi soir, le groupe Lagardère a annoncé, par le biais d’un communiqué, couper court aux négociations. Il confirme l’arrivée effective de Geoffroy Lejeune à la tête de la rédaction du JDD, après l’avoir reportée dans un premier temps, ce mardi 1ᵉʳ août, alors même que près de 98 % de la rédaction refuse de travailler à ses côtés.
Cela fait 33 jours que les journalistes poursuivent une grève d’ampleur historique, bloquant la parution du titre cinq dimanches d’affilée. Jamais un tel mouvement de contestation n’avait été constaté depuis l’apparition du média il y a 75 ans.