En 2015, l’ambassadeur de Palestine auprès de l’UNESCO et le président de l’institut du monde arabe signent un partenariat pour la création d’un musée d’Art moderne et contemporain en Palestine. Dès lors, des centaines d’artistes contribuent à la collection, faisant don de diverses œuvres pour qu’un jour, elles soient exposées à Jérusalem-Est, dans la capitale d’une future Palestine libre.
Ces œuvres, dans l’attente d’une possibilité de construction du musée, sont entreposées à l’institut du monde arabe. Ces artistes du monde entier ont choisi parmi leurs œuvres celles qu’ils et elles aimeraient faire découvrir au peuple palestinien et aux futurs visiteurs du musée. Ce sont ces œuvres qui sont mises en avant dans la première partie de l’exposition.
Un musée à Jérusalem-Est et à Gaza aussi !
L’œuvre marquante de cette première partie est une création d’un collectif de très jeunes Gazaouis : Hawaf. Là aussi, on rêve d’un musée et avec beaucoup de créativité et à l’aide des technologies, il prend vie. Le projet se nomme « Sahab » (nuage en arabe) : un jeu de mots, à Gaza, entouré de murs, on ne peut rêver qu’en regardant les nuages, mais aussi parce qu’une première collection est disponible sur un cloud internet.
L’exil et la poésie
La deuxième salle nous emmène au son d’un poème de Mahmoud Darwich. En écoutant, on peut lire les mots de la voix du peuple palestinien sur une impressionnante calligraphie. Des œuvres en fils barbelés côtoient des fils de coton : entre violence et volonté de vivre. Là aussi, on retrouve des œuvres offertes pour le futur musée de Jérusalem-Est. Là aussi, sculptures, photographies, collages, époques et choix artistiques se mélangent. Pourtant, on y retrouve une cohérence à travers un parcours thématique travaillé.
La vie malgré tout
Avec en fond des photos remontant aux XIX siècle bénéficiant des premières techniques de colorisation, le contraste est donné avec des œuvres de la Palestine d’aujourd’hui et de demain qui se font face.
Face à ces cartes postales montrant un pays rêvé, on retrouve un pays réel qui continue de vivre dans la guerre avec une série de photos de jeunes skaters par exemple ou ces étonnants repas familiaux face aux murs de la honte. Deux coups de cœur dans cette salle : en premier lieu la série GH0809 de Taysir batniji, l’artiste mime des annonces de ventes de maison à partir de photos des maisons détruites par l’attaque israélienne à Gaza en 2008. On ressent un immense malaise, mais si l’art doit passer un message, il est ici.
Puis, une œuvre tout aussi teintée de l’humour noir palestinien, mais plus joyeuse : Mohamed Abusal imagine un métro à Gaza. Partant du constat « que les gazaouis ont au moins une petite expérience à creuser des tunnels »… La réalisation mêle photos, carnet de tickets, etc. Ici, l’adage « exister, c’est résister » n’a jamais été aussi palpable.
Au-delà des murs
En plus de ces deux salles d’expositions temporaires, on peut retrouver une salle supplémentaire où sont exposées les valises de Jean Genet, témoignage de son engagement pour la Palestine. Mais aussi des concerts, des séances de cinéma ou encore des conférences. Pendant toute la durée de l’exposition, l’institut du monde arabe se rythme autour de la thématique. La plupart des événements sont gratuits, sur réservation.
En bref, c’est une très belle exposition, qu’on ait des liens ou pas avec la Palestine, on y retrouve toute la capacité libératrice de l’art et une collection déjà riche, dont la variété peut plaire largement. Il tarde que le musée d’Art moderne et contemporain de Palestine puisse ouvrir pour en voir plus.