Le Rassemblement national propose deux mesures controversées visant à transformer radicalement l’éducation sexuelle en France. En prônant la suppression des cours d’éducation sexuelle au profit d’une sensibilisation limitée à la puberté et à la reproduction, et en instaurant un droit de retrait pour les parents, permettant à ces derniers de soustraire leurs enfants à ces enseignements, le RN s’engage dans un retour en arrière dangereux pour l’éducation des plus jeunes.
La suppression des cours d’éducation sexuelle
Telle qu’elle est actuellement dispensée dans les écoles françaises, l’éducation à la vie sexuelle et affective ne se limite pas à la biologie de la puberté et de la reproduction. Elle couvre des sujets essentiels tels que le consentement, les relations affectives saines, la reconnaissance et le respect des orientations sexuelles et des identités de genre, ainsi que la prévention des violences sexuelles. Réduire cette éducation à une simple sensibilisation à la puberté et à la reproduction, comme le propose le RN, revient à réduire la femme dès son plus jeune âge à un outil reproductif, et à empêcher un épanouissement des jeunes en les exposant à des risques de violences sexistes et sexuelles.
Protection qui a été explicitement demandée par la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels. « La Convention Lanzarote » de 2007 impose aux États d’adopter des dispositions législatives et de prendre des mesures en vue de prévenir la violence sexuelle.
De fait, une éducation sexuelle complète est un outil indispensable pour préparer les enfants à naviguer dans un monde complexe. Elle leur donne les moyens de comprendre et de respecter leur propre corps et celui des autres, de reconnaître les signes de relations toxiques, et de savoir dire non à des avances non désirées. L’éducation sexuelle et affective est le meilleur exemple du « mieux vaut prévenir que guérir ». En supprimant ces cours, le RN compromet l’avenir de nos jeunes en les rendant vulnérables à l’exploitation et aux abus.
Le droit de retrait des parents : une menace pour l’égalité
Le RN, non content de réduire les cours d’éducation sexuelle à la reproduction, promet aussi le droit de retrait aux parents. L’instauration de ce droit permettant de soustraire leurs enfants à ces enseignements est une mesure qui exacerbe les inégalités. Elle ouvre la porte à une éducation à deux vitesses, où seuls les enfants dont les parents sont informés et sensibilisés bénéficieront d’une éducation sexuelle. Ce droit de retrait risque de renforcer les tabous et les stigmatisations autour de la sexualité, laissant les enfants issus de familles conservatrices sans les outils nécessaires pour se protéger et s’épanouir.
Au contraire : l’éducation sexuelle doit être un droit pour tous les enfants, indépendamment de leur origine ou de leurs croyances familiales. Prétextant son interdiction par la sexualisation précoce des enfants, le Rassemblement national ne fait que les exposer à de plus gros dangers tels que la pédophilie, les violences sexuelles et les sexistes ou encore toute forme de violences de genre.
Pour protéger nos enfants : une éducation émancipatrice
Face à ces propositions rétrogrades, il est impératif de défendre une éducation sexuelle complète et accessible à tous. Cette éducation doit être conçue comme un moyen d’émancipation, permettant à chaque individu de prendre conscience de ses droits, de son corps et de ses volontés. Elle est un outil puissant pour lutter contre les inégalités de genre, les discriminations et les violences.
Pour protéger nos enfants et lutter contre l’obscurantisme prôné par le RN, il faut une éducation publique, laïque et émancipatrice, qui prépare les jeunes à devenir des citoyens éclairés et responsables. Une telle éducation doit inclure une formation complète sur la sexualité, qui ne se contente pas de faits biologiques, mais englobe aussi les dimensions affectives, sociales et éthiques.
Les travaux rapportés par Véronique SEHIER en 2019 sur les droits sexuels et reproductifs en Europe face à la montée de mouvements conservateurs, nous alertent déjà sur le sujet partout en Europe, il est crucial de défendre une éducation sexuelle et affective émancipatrice, aujourd’hui insuffisamment développée.