Envoyer des médecins dans la Creuse ?

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Envoyer des médecins dans la Creuse ?

Le 7 mai 2025, l’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi visant à lutter contre les déserts médicaux. Au programme : obligation d’exercer jusqu’à 2 jours par mois dans un désert médical pour chaque généraliste ou spécialiste et pour les étudiants, d’effectuer un stage en dehors des CHU et dans une zone sous-dotée en soignants. Proposé et défendu au nom du pacte républicain par une coalition transpartisane à l’Assemblée, le texte n’a en revanche pas du tout plu au corps médical et surtout aux syndicats étudiants des filières de professions médicales.

Au nom du pacte républicain

La répartition des médecins en France est aujourd’hui cruellement inégale.  Selon l’INSEE et les ARS (Agences Régionales de Santé), 70% des communes en France ont moins de 2 médecins libéraux pour 10 000 habitants.

Cette problématique des déserts médicaux frappe aujourd’hui de plein fouet les zones rurales isolées mais s’étend de plus en plus aux quartiers défavorisés. Cette situation dramatique risque d’empirer dans les années à venir. Alors que la moyenne d’âge des médecins s’élève aujourd’hui à 60 ans, une pénurie de médecins en raison d’un manque de renouvellement est à prévoir.

Pourtant les syndicats d’étudiants en médecine comme l’ANEMF (Association Nationale des Etudiants de Médecine en France) s’offusquent devant cette proposition de loi et menacent de quitter la France, clamant qu’ils ne doivent pas payer pour les erreurs de leurs aînés.

Le numerus clausus : aux origines de la désertification

En effet, en 1971, ce sont les médecins libéraux qui ont réclamé la mise en place d’une sélection à l’entrée des études de santé. Cette demande a été accueillie par le gouvernement qui y a vu une occasion de réduire les dépenses en formant moins de professionnels de santé. Ainsi est né le numerus clausus : un classement qui réduit l’accès aux études de santé à un nombre de places insuffisant, privilégiant les économies aux besoins en professionnels. Une véritable dynamique de marché est mise en place. En considérant davantage la patientèle comme une clientèle, c’est tout le service public d’accès à la santé qui est en péril.

Le premier pas

Bien qu’elle ne s’attaque pas aux racines du problème, cette réforme demeure une absolue nécessité et constitue un premier pas vers l’amélioration de notre système de santé. Mais le numerus clausus est toujours d’actualité. Les Français subissent ses répercussions depuis plus de 40 ans. Beaucoup de voix s’élèvent pour l’ouvrir dès maintenant plus largement, voire le faire disparaître pour former urgemment davantage de professionnels de santé. Sans planification convenable pour la suite, cette réforme n’est qu’un pansement sur une hémorragie.


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