Ce 8 mars, pour la journée internationale des droits des femmes, cinq grandes organisations syndicales, dont la CGT et la CFDT, ont pour la première fois appelé ensemble à la grève et à la manifestation. Au total, plus d’une cinquantaine d’organisations syndicales, d’associations féministes et d’organisations politiques ont rejoint cette mobilisation.
“Si on arrête, tout s’arrête.”
Avec #UnJourSansNous, l’intersyndicale a appelé à une grève féministe dans tout le pays, au travail et dans les tâches domestiques. Afin de dénoncer les inégalités salariales, l’idée était d’arrêter de travailler à partir de 15 h 40, heure à partir de laquelle les femmes qui ne touchent pas autant que leurs collègues masculins travaillent gratuitement. Les organisations syndicales ont repris le slogan lancé en 2016 par les féministes du Chili et d’Argentine, “Si on s’arrête, tout s’arrête”. Cette mobilisation devait montrer le caractère indispensable du travail fourni par les femmes. Alors qu’elles sont souvent assignées à des postes invisibilisés, dévalorisés et moins bien rémunérés, les femmes, qui doivent aussi être mères, occupent 80 % des emplois à temps partiels.
Au sein du foyer, elles consacrent, en moyenne et au quotidien, une heure de plus que les hommes aux tâches domestiques. La grève féministe a donc pour but de souligner les liens entre “charges domestiques, violences sexistes et sexuelles et inégalités professionnelles”.
Les organisations revendiquent “l’égalité salariale et de carrière entre les hommes et les femmes, la revalorisation des métiers à prédominance féminine, des services publics de qualité, notamment pour la petite enfance et des moyens dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles”. Des mesures nécessaires alors que le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes a publié début mars un rapport soulignant la persistance des inégalités de genre dans la sphère professionnelle et l’insuffisance des moyens mis en œuvre pour les corriger.
Ne pas rester les bras croisés
Présente à la manifestation parisienne, Sophie Binet, Secrétaire générale de la CGT, rappelle que “si on reste les bras croisés, à attendre le gouvernement et le patronat, l’égalité, ce sera en 2186”.
Cette journée internationale des droits des femmes a mobilisé des manifestants dans plus de 200 villes partout en France. La CGT dénombre plus de 200 000 personnes dans les rues et souligne la présence importante de la jeunesse. Chaque année, cette date, célébrée dans le monde entier, entraîne des mobilisations dans l’ensemble de l’Europe. En Espagne, pays inspirant dans sa lutte contre les violences sexistes et sexuelles, c’est depuis quelques années une date clef à l’origine de grèves massives. En 2018, près de 6 millions de personnes avaient défilé à travers le pays.
Cette mobilisation inédite nous rappelle le chemin qu’il nous reste à parcourir pour parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes et doit nous encourager à poursuivre notre lutte.