Une boîte jaune victime du capitalisme 

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Une boîte jaune victime du capitalisme 

Créé en 1964 par le pharmacien Henri Bottu à partir de 500mg de paracétamol, le doliprane est le médicament sans ordonnance le plus vendu en France. Environ deux milliards et demi de comprimés sont fabriqués chaque année et 97% d’entre eux sont destinés au marché français, soit plus de 420 millions de petites boites jaunes.

Avec 95% de la production tirée de manufactures œuvrant sur le territoire, le potentiel rachat de Doliprane menace 11 000 emplois, la plupart situés  dans les deux usines de fabrication à Lisieux et Compiègne. En l’occurrence, Doliprane représente 80% du chiffre d’affaires de Orpella, la filiale de Sanofi qui le produit. 

L’amputation, spécialité de Sanofi

Sanofi, multinationale du médicament, abreuvée de subventions de l’Etat, coupe des postes partout où il peut afin de maximiser ses profits et les bénéfices de ses actionnaires. 

Depuis 2019, l’entreprise a annoncé quatre suppressions de postes (de 230 à 1 000 postes d’un coup). Elle n’hésite pas à scinder ses productions en filiales et sous-groupes, afin de tirer toujours plus de bénéfices avec le moins de salariés possibles.  

Par le passé, les investissements financiers et les rachats d’entreprises se sont succédé à des plans sociaux, arrachant  des pans entiers de la multinationale, en France comme dans les autres pays où elle possède des usines.

Opella, qui se targue d’être le numéro trois mondial des médicaments sans ordonnance, vitamines, minéraux et compléments alimentaires, serait revendu à 50% pour un montant de 15 milliards d’euros au fonds d’investissement américain CD&R. Son introduction sur le marché américain permettrait à la filiale de voir son chiffre d’affaires grimper, de conquérir un marché non régulé et d’en tirer des bénéfices toujours plus grands.

Vous avez dit souveraineté ?

La crise du Covid-19 a mis sur le devant de la scène la dépendance sanitaire de la France. Son incapacité à assurer des stocks et des circuits de production pérennes n’a pas servi de leçon : des milliers d’emplois dépendant de ce secteur sont concernés, de même que la santé des habitants, faisant face de façon de plus en plus récurrente à la pénurie de médicaments, même lorsque ceux-ci sont vitaux.

Rappelons qu’en 2023, les autorités publiques ont enregistré 5000 ruptures de médicaments, soit 30% de plus qu’en 2022, et six fois plus qu’en 2018. Ces ruptures ont parfois concerné des médicaments essentiels au quotidien de nombreux concitoyens souffrant d’affection et pathologiques tel que le diabète, l’insuffisance cardiaque, les migraines…

Guérir la fièvre libérale

Une grande partie de la classe politique, tous bords confondus, s’est prononcée contre le rachat de 50% d’Orpella par un fonds d’investissement américain.

Lors de sa visite sur le site de Lisieux, où les salariés sont en grève à l’appel de la CGT depuis le 10 octobre, le ministre délégué à l’économie, M. FERRACCI assure qu’il fera tout pour obtenir des garanties de la part du géant américain. Celles-ci visent la préservation de  l’emploi et la production sur les sites français, la protection des sous-traitants dont la survie dépend de Sanofi, mais également, et l’engagement de maintenir des budgets pour la recherche et le développement.

Il s’agit de larmes de crocodiles. Une fois de plus, les libéraux regrettent les effets dont ils chérissent les causes. Car c’est bien leur bord politique qui permet aux entreprises, et en particulier aux entreprises pharmaceutiques, de se scinder et de délocaliser. Pour leur part, les communistes souhaitent la création d’un pôle public du médicament.


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