Ça y est, la réforme du bac professionnel est sur la table. Comme prévu, le gouvernement promet des heures de cours en moins pour les élèves, et plus d’heures de stage. Moins de temps devant le prof, plus de temps devant le patron. Comme si les jeunes dans les filières professionnelles avaient moins à apprendre que les autres. Comme si toute une partie de la jeunesse n’était bonne qu’à être au service des patrons sans réfléchir, obéir à des ordres sans se questionner, se contenter d’exécuter des consignes. Quel mépris de classe !
Cette réforme est une machine à fabriquer des travailleuses et travailleurs aliénés. Le gouvernement veut transformer les jeunes en filière professionnelle en main d’œuvre pas chère et corvéable à merci pour le patronat.
Oui, il faut une réforme du bac professionnel, mais pas pour aller dans ce sens ! Les enseignements généraux sont trop négligés aujourd’hui. Pourtant, les jeunes en bac pro ont autant besoin que les autres, de cours de maths, de français, d’histoire-géo, de sport… Alors que la voie professionnelle devrait être une possibilité d’orientation comme une autre, aujourd’hui c’est une filière de seconde zone. C’est l’orientation qui s’impose à nous quand on a du mal avec le système scolaire.
Le bac pro doit permettre de former l’Homme et le travailleur. Il doit permettre de former à un métier évidemment, mais doit aussi donner aux jeunes un socle de savoirs permettant de comprendre le monde qui nous entoure, et avoir envie de le transformer. La place des enseignements généraux doit donc être revue à la hausse. Le bac pro ferme trop vite les portes de l’enseignement supérieur, réduit trop la possibilité de poursuite d’étude. Qui nous dit qu’une jeune de 16 ans voulant faire boucher ne voudra pas devenir vétérinaire à 30 ans ? Les jeunes doivent avoir le droit à l’erreur, le droit de changer d’avis, le droit de se réorienter, de poursuivre les études, de reprendre les études. Et ce, que nous ayons fait un bac professionnel ou général !
Le bac pro doit également arrêter d’enfermer dans des stéréotypes de genre. Trop de filières sont quasi exclusivement masculines ou féminines. Il faut un grand service public de l’orientation permettant d’aiguiller les jeunes en fonction de leurs aspirations et des besoins de la société, sans les cantonner à leur genre ou leur classe sociale. Évidemment, sans grand mouvement populaire de contestation du capitalisme et du patriarcat, sans mobilisation pour construire une nouvelle société rompant avec les logiques de l’argent, transformer le système éducatif ne supprimera pas les dominations et les exploitations.
La jeunesse a une place particulière à prendre dans la construction de ce mouvement. Pour qu’il soit puissant et irrésistible, toutes les jeunesses vont devoir s’y engager. Pour le moment, les jeunes en bac pro sont plus éloignés de la politique que les autres. Notre journal a vocation à être lu par toutes les jeunesses, pas seulement les jeunes des grandes villes et des grandes universités. Avant-Garde, c’est le seul journal fait par les jeunes et pour les jeunes, qui décide de consacrer plusieurs pages sur la question du bac professionnel.
Dans ce numéro, Avant-Garde parle de sport, de culture, d’international, il contribue aussi à la nécessaire bataille contre la réforme du bac pro. Ce journal, ça peut être une première porte vers l’engagement. Lire, partager, discuter, c’est aussi ça faire de la politique !