Ces derniers mois, l’Arabie Saoudite a mis au premier plan, comme un symbole de grandeur, son projet phare “The Line”. Il s’inscrit dans le cadre plus large du plan, “Neom”. Ce projet titanesque de ville futuriste, vise à construire en plein désert une ligne de 170 kilomètres de long. L’objectif est de loger, d’après les penseurs de l’ouvrage, près de 9 millions de personnes.
Dotée d’un budget de plusieurs centaines de milliards de dollars, cette ligne sera faite majoritairement de verre, d’acier et de béton. Suite au lancement, bon nombre de critiques commencent à émerger à son encontre. Malgré ces dernières, le chantier semble en belle progression. Pourtant, il est apparu de manière évidente que l’impact écologique de The Line était loin des ambitions affichées.
Des annonces mensongères sur les émissions de gaz à effet de serre
Parmi les très nombreuses controverses liées à ce projet, celles écologiques sont très probablement les plus nombreuses et virulentes. Pour résumer le désastre annoncé lié à la construction et l’existence même de The Line, on ne peut se faire l’économie d’évoquer son empreinte carbone.
L’empreinte carbone est un indicateur servant, d’une manière globale, à estimer l’impact écologique en termes d’émission de gaz à effet de serre, dont majoritairement le CO2 majoritairement). Cette dernière offre une vision sur les conséquences, notamment sur le réchauffement climatique, d’un programme ou d’une entreprise.
“Le projet The Line atteindra à terme zéro émission de CO2”, voilà la promesse tenue dans les publicités du projet. Néanmoins, d’après les estimations du docteur et professeur en architecture et environnement Philip Oldfield, ce projet, lorsqu’il sera achevé, aura émis pour sa construction 1,8 milliards de tonnes équivalent CO2.
Ce nombre peut sembler flou aux premiers abords. Cependant, il est à mettre en lien avec l’émission mondiale annuelle de CO2 qui se situe actuellement autour de 37,4 milliards de tonnes.
L’aboutissement de ce programme coûtera donc à l’environnement 1/20 des émissions annuelles. Celles-ci sont responsables en partie des changements climatiques désastreux en marche. Tout cela pour ne bénéficier qu’à 9 millions d’individus, qui seront sûrement, particulièrement aisés.
En parallèle et d’après l’ADEME, la construction de nouvelles maisons produirait, pour un logement de 120m², environ 51 tonnes de dioxyde de carbone. Pour 9 millions de maisons individuelles de cette taille, nous arriverions à environ 0,459 milliards de tonnes de CO2. Soit un impact sur les émissions environ de 4 fois moindre que le projet The Line..
De plus, la promesse du 0 émission ne pourra être tenue même après sa construction. En effet,cette promesse se base, d’après plusieurs experts, sur des technologies qui n’existent pas encore ou sont en cours de développement. Néanmoins, pour beaucoup, à un stade trop peu concluant pour pouvoir les inclure sérieusement dans un projet de cette ampleur.
Une menace pour les populations et l’environnement local
L’autre aspect énormément mis en avant lors des critiques portées à The Line est bien entendu celui de l’impact sur la faune locale. Toujours d’après le docteur Oldfield, complété par d’autres spécialistes, l’étalement de cette ligne constituerait une menace létale pour les écosystèmes.
En effet, The Line constituerait une frontière infranchissable pour les espèces migratrices, à l’image des autoroutes, mais de façon bien plus intense. Les oiseaux seraient également en danger de par la formation architecturale de la ligne. Cette dernière étant recouverte de miroirs, elle reflétera la lumière sur de très longues distances et perturbera considérablement les oiseaux.
Le dernier souci concerne les habitants locaux qui, pour permettre la construction de ce projet, sont chassés de leurs habitations. Des condamnations très lourdes sont prononcées pour ceux refusant de partir. Shadli, Ibrahim et Ataullah al-Huwaiti de la tribu des Howeitat ont à ce titre été condamnés à mort pour avoir refusé de céder la place au chantier de construction.