La chute du dictateur Bashar el-Assad ouvre la voie à une nouvelle construction politique en Syrie. Au pouvoir depuis la mort de son père en 2000, lui-même président depuis 1971, c’est une dynastie qui s’effondre. La fin de ce régime tyrannique rime avec la prise de contrôle du pays par des forces djihadistes soutenue par la Turquie. Dès lors, est-ce bien raisonnable de se réjouir de ce changement de régime ?
Les groupes armés terroristes progressent là où il y a un vide. C’est au nom de ce principe que la France a justifié les opérations Serval (2013) et Barkhane (2014-2022). En mars 2012, le président Amadou Toumani Touré est renversé par un coup d’Etat, laissant le nord du Mali à la main de rebelles touaregs et d’organisations terroristes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Ici, il ne s’agit même pas de parler de risque de montée de groupes djihadistes, ce sont eux qui ont chassé Bashar el-Assad du pouvoir. Abou Mohammed al-Joulani, chef du groupe islamiste HTC est le fondateur du Front al-Nosra, groupe terroriste d’idéologie salafiste djihadiste… ! Sans parler des djihadistes français identifiés chez les HTC. N’oublions pas non plus l’ANS, financée par la Turquie, qui se rend complice d’exactions contre le peuple Kurde.
Dans ce contexte, le manque de clairvoyance sur la chute de Bachar est inquiétant. Les grandes puissances impérialistes ne retiennent pas les leçons du passé. Dans les années 80, pour faire tomber le gouvernement Afghan trop proche des soviétiques, les États-Unis ont financé et formé des rebelles islamistes, dont un certain Oussama ben Laden.
Dans la même veine, en Irak en 2003, l’invasion américaine et le renversement du dictateur Saddam Hussein ont démantelé les structures de l’État irakien, notamment l’armée et les services de sécurité. Ce vide a permis à des groupes armés islamistes de se renforcer. La chute de Kadhafi en 2011 a également permis à plusieurs groupes islamistes de prospérer en Libye et dans la région.
La période qui s’ouvre en Syrie est très incertaine. Les grandes puissances et les pays voisins ont des intérêts divergents, et c’est le peuple syrien, qui, encore une fois, risque d’en faire les frais.