La Révolution russe (2/3) : De février à octobre : la Russie à la croisée des chemins

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La Révolution russe (2/3) : De février à octobre : la Russie à la croisée des chemins

Deuxième épisode de notre série sur l’histoire de la révolution russe. 

Lire aussi : La Révolution russe (1/3) : Avant octobre, la révolution de février

Effervescence révolutionnaire et dualité des pouvoirs

L’abdication du tsar suite à la révolution de février ne met pas un terme à l’agitation. Les ouvriers multiplient les grèves, souvent victorieuses. Dans les campagnes, les paysans contestent le pouvoir des grands propriétaires terriens et s’emparent des terres. Des soviets se créent dans tout le pays et à toutes les échelles (villes, villages, quartiers, usines..). Les minorités de l’empire (Finlande, Ukraine, Pologne, Caucase…) s’agitent et réclament leur autonomie, voire leur indépendance.

Dans cette effervescence révolutionnaire, deux pouvoirs coexistent. D’un côté, le pouvoir des soviets. Pouvoir d’inspiration populaire, représentant les travailleurs et les soldats, les soviets tirent leur légitimité de la révolution et entendent poursuivre et amplifier les transformations sociales.

De l’autre côté, le gouvernement provisoire. Issu du comité temporaire de la Douma et dominé par la bourgeoisie libérale (organisée dans le Parti Constitutionnel-Démocratique surnomme les « cadets »), ce gouvernement provisoire entend avant tout faire régner l’ordre et stabiliser la situation.

Depuis le compromis du 2 mars, ces deux formes de pouvoir tentent de cohabiter. La présence au sein du gouvernement provisoire du travailliste Alexandre Kerenski, issu du soviet de Petrograd, est sensée assurer la liaison entre le soviet et le gouvernement. D’abord ministre de la justice, Kerenski devient à partir du mois de juillet chef du gouvernement.

Le mécontentement s’amplifie

La situation ne cesse d’empirer au fil des mois. Le mécontentement lié à la guerre et aux difficultés économiques avait entraîné la révolution de février.

Or, rien n’est fait pour remédier à la situation. Au contraire, dès le mois d’avril le gouvernement provisoire assure aux Alliés que la Russie restera engagée dans le conflit « jusqu’à la victoire finale ». La proposition du soviet de Petrograd d’ouvrir immédiatement des négociations « pour une paix sans annexion ni contribution » a été purement et simplement ignorée.

Les offensives reprennent pour des résultats toujours aussi désastreux. Sur le plan intérieur, le gouvernement provisoire ne se donne pas non plus les moyens de répondre aux attentes populaires. Il refuse notamment de légaliser les occupations de terres opérées par les paysans. Les réformes sociales et agraires se font attendre.

La montée en puissance des bolcheviks

Cette incapacité du gouvernement provisoire à agir face à la guerre et aux difficultés économiques devrait profiter aux groupes révolutionnaires. Or, la majorité de ces groupes soutient la poursuite de la guerre au nom de la défense nationale. De plus, beaucoup considèrent que la Russie n’est pas encore mûre pour une révolution de type socialiste et qu’il faut donc laisser faire pour le moment un gouvernement bourgeois.

Un groupe se distingue néanmoins : les bolcheviks. Les bolcheviks constituent l’une des deux factions (l’autre étant les mencheviks) du Parti Ouvrier Social-Démocrate (POSDR), un parti d’inspiration marxiste. De tous les groupes révolutionnaires, les bolcheviks apparaissent comme le groupe le mieux organisé et le plus déterminé à mener à bien une nouvelle révolution.

Le principal leader des bolcheviks, Lénine, était exilé en Suisse au moment de la révolution de février. Il profite des événements pour rentrer en Russie. Dans ses Thèses d’Avril, il expose la nécessité de s’opposer au gouvernement provisoire et réclame une république des soviets « seule forme possible de gouvernement révolutionnaire ».

D’abord confronté à l’hostilité des autres dirigeants bolcheviks, il finit par emporter la majorité et fait adopter les mots d’ordre suivants : « A bas la guerre ! », « A bas le gouvernement provisoire ! » et « Tout le pouvoir aux soviets ».

Les mots d’ordre fixés par Lénine trouvent un écho parmi la population et le parti bolchevik se renforce au fil des mois : les effectifs augmentent fortement et l’influence des bolcheviks s’accroît dans les syndicats, dans les comités ouvriers et dans les soviets.

Les journées de juillet

La montée en puissance des bolcheviks inquiète le gouvernement provisoire. Les 3 et 4 juillet, une partie des garnisons de Petrograd se rebelle contre le gouvernement. Les soldats refusent d’être envoyés au front. Les manifestations de soldats, auxquelles participent des ouvriers et des militants bolcheviks, échouent.

Le gouvernement provisoire se saisit des « journées de juillet » comme prétexte pour interdire le parti bolcheviks. Des centaines de militants sont arrêtés, les dirigeants passent dans la clandestinité.

L’échec du putsch de Kornilov

Obsédé par les bolcheviks, le gouvernement provisoire se fait surprendre par une nouvelle menace qui surgit à la fin août : le général Kornilov. Soutenu par les milieux conservateurs, ce général envoie ses troupes sur Petrograd pour s’emparer du pouvoir.

Face au risque de contre-révolution, le soviet de Petrograd appelle à la mobilisation générale. Les bolcheviks, que le gouvernement provisoire pensait « hors-jeu », réapparaissent au grand jour. Sortant de la clandestinité, les militants bolcheviks mobilisent la population, organisent la défense de la ville avec la garde rouge, activent leurs réseaux clandestins parmi les cheminots pour ralentir l’avancée de Kornilov et envoient des militants pour démoraliser les troupes adverses.

La tentative de Kornilov est un échec, le prestige des bolcheviks est immense. Le gouvernement provisoire n’a pas d’autre choix que de ré-autoriser le parti bolchevik.

Dès lors, le dénouement est proche. Le gouvernement provisoire s’entête dans la poursuite de la guerre et semble incapable d’agir pour soulager la misère du peuple. Le mécontentement grandit parmi les masses. Les bolcheviks se trouvent en position de force. La révolution d’octobre arrive à grands pas.

Lire la suite : La Révolution russe (3/3) La révolution d’octobre


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