Depuis l’année scolaire de 2018, les élèves de terminales sont contraints de passer par la plateforme de sélection à l’entrée dans l’enseignement supérieur : Parcoursup. Cette année encore la machine a fait son tri, et c’est aujourd’hui, le 27 mai, que les élèves vont recevoir les premières réponses à leur vœu Parcoursup.
UN TRI SOCIAL RENFORCÉ PAR LA CRISE
Cette année au total, la plateforme a accueilli 12,3 millions de vœux, formulés par 635 000 lycéens et 182 000 étudiants en réorientation, contre 662 000 en 2020. En effet, la gestion catastrophique de la continuité pédagogique de notre ministre de l’Éducation Jean Michel Blanquer a laissé beaucoup de lycéen.ne.s sur le carreau, et cette baisse s’explique largement par le décrochage de lycéens de première l’année dernière. Et cela même si Parcoursup propose plus de formations que les années passées.
Si les vœux ont été faits pour les lycéens, cette année encore, et bien plus, ce fut un moment de stress et d’angoisse fort, très souvent peu accompagné d’un réel encadrement. Selon un sondage réalisé par Diplomeo, 34 % des élèves pensent qu’ils n’ont pas été assez informés et accompagnés dans leur orientation. Parmi ces derniers, 92 % estiment que leur école devrait davantage les accompagner dans leur orientation.
En effet, cette année plus encore que les autres années, les élèves n’ont pas pu bénéficier d’assez de temps, ou de temps tout court, pour faire un choix éclairé de leur prochaine formation. Rédactions de CV, de lettres de motivation, ou rendez-vous avec les conseillères d’orientation sont encore passées au deuxième plan. Ce qui fait que les élèves ont dû s’appuyer sur leurs propres ressources et à ce jeu-là, les plus avantagés sont les élèves issus de classes dominantes. Pour n’en rien arranger, le ministère n’a apporté aucune modification au calendrier parcoursup. Les délais ont donc été les mêmes qu’annoncé en début d’année scolaire, alors même que les deux confinements successifs ont largement chamboulé le reste du calendrier scolaire.
UNE SÉLECTION ACCRUE PAR UN BAC INÉGALITAIRE
Le bac 2021, qui sera passé quasiment exclusivement en contrôle continue conditionne clairement le traitement des dossiers par les universités. En faisant du bac un diplôme d’établissement, elle met en avant certains établissements d’origine à défaut des autres.
Une inégalité exacerbée par les différences de gestion de la continuité pédagogique dans tous les établissements. Car le ministère de l’éducation laisse les établissements organiser eux-mêmes leur choix d’hybridation et n’a pas harmonisé l’enseignement des lycéens sur l’ensemble du territoire et fait donc du bac 2021 un bac d’autant plus inégalitaire.
DES RÊVES DE PARCOURS BROYÉS
De plus, cette année encore des projets de formations seront broyés Parcoursup. D’abord, avec la crise sanitaire et économique, certaines formations seront sûrement désertées, les élèves ayant vu les priorités du gouvernement sur certains secteurs pendant la crise.
En effet, 73 % des jeunes affirment que la crise a compliqué leur parcours d’orientation, et ce, de différentes manières. 18 % avouent même avoir modifié leurs choix d’orientation à cause de la pandémie et ses conséquences.
Lors du sondage, réalisé par Diplomeo, une partie des lycéens répondent avoir modifié leurs vœux pour des secteurs plus privilégiés lors de la crise du coronavirus. De plus, certains affirment aussi que leur choix a été conditionné par les difficultés financières de leurs parents, ils ont donc restreint leur choix à des villes près du domicile familial pour pouvoir aider leur famille.
Ensuite, cette année encore beaucoup seront refusés à la formation de leur choix. Une sélection qui risque d’être accrue au vu du nombre d’universités et de lieux d’études qui baisse leur quotta d’accueil d’étudiant. 4 jeunes sur 5 sont d’ailleurs inquiets de ne pas être pris dans les formations qui leur plaisent et 64% sont inquiets de ne recevoir aucun vœu de formations. Un constat qui n’a pas lieu d’être dans un pays censé garantir une formation à toutes et à tous.
Enfin, si certain.e.s sont mis en liste d’attente, et comme l’année dernière la liste risque d’être longue, ils attendront peut-être jusqu’à septembre pour recevoir une réponse positive. Une bien longue attente qui ne fera que rallonger le stress déjà bien présent chez les lycéens, pour le bac et leur avenir pour l’année prochaine.
DES PROPOSITIONS TOUJOURS PAS ÉCOUTÉES
Depuis quelques semaines, les lycéens, pourtant en préparation de leur bac, se sont mobilisés pour un bac plus égalitaire et un droit à l’avenir. Car il s’agit bien de cela. Dans cette période politique trouble, les lycéens doivent subir dans le même temps la dégradation de leur diplôme ainsi que la sélection à l’entrée de l’université.
Il est temps pour notre pays de faire de la jeunesse une priorité et de lui donner le droit de rêver à sa future formation et son orientation professionnelle. Pour cela des solutions, il y en a. Le cadrage national des diplômes par exemple permettrait à chaque élève de partir avec un diplôme de la même valeur, et donc de ne pas subir de discrimination en rapport avec son établissement d’origine. Un service public de l’orientation aussi, permettrait d’orienter sereinement les élèves tôt, pour que l’entrée dans l’enseignement supérieur ne soit plus une angoisse mais bien le résultat d’une réelle réflexion de parcours de formation.
Toutes ces revendications, le gouvernement ne veut pas les entendre. Alors, il est temps de proposer un réel projet qui sécurisera notre droit à une formation de notre choix, gratuite et réfléchie lors d’un accompagnement avec des professionnels. Le bac devra redevenir un diplôme national ouvrant à chacun le droit aux études supérieures.