La rentrée dans l’hémicycle s’annonçait mouvementée. Pour cause, le controversé projet de loi « pour le plein emploi », porté par le ministre du Travail Olivier Dussopt.
Le gouvernement souhaite atteindre un objectif de taux de chômage de 5 % – contre 7 % aujourd’hui – en s’attaquant comme à son habitude aux plus précaires. Conditionnement du RSA, remplacement de Pôle Emploi par France Travail, service public à la petite enfance insuffisant… Tour d’horizon des mesures adoptées et de leurs conséquences.
Une volonté « d’aller chercher » les personnes les plus éloignées de l’emploi
Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement s’est doté d’un arsenal de nouvelles lois et institutions, à commencer par France Travail. Ce nouveau service se veut être une fusion de tous les acteurs nationaux et locaux d’aide à l’insertion. Ainsi, les jeunes de la Mission Locale, les personnes en situation de handicap de Cap emploi, les allocataires du RSA… se retrouveront tous à frapper à la même porte.
Malheureusement, les moyens ne suivront pas, et l’on peut déjà s’attendre à une nouvelle casse de service public, que le gouvernement prévoit déjà de compenser à l’aide de prestataires privés. Tous les usagers de France Travail seront tenus de signer un « contrat d’engagement », conditionnant leurs revenus à une activité obligatoire. Au menu également, une radiation au bout du deuxième refus d’emploi, obligeant les demandeurs d’emploi à accepter des emplois précaires ou sous-évalués.
La fin du droit à l’aide sociale ?
Ce contrat d’engagement oblige désormais les bénéficiaires du RSA à justifier de quinze heures d’activité par semaine. Un dispositif infantilisant, qui remet en question le droit à l’aide sociale et le rôle de l’État de garantir à ceux qui ne peuvent travailler les moyens de survivre. La nature de ces activités reste floue, et on peut déjà imaginer un système identique à celui des services civiques, c’est-à-dire de l’emploi caché avec une main d’œuvre à prix cassé.
Le non-respect de ces quinze heures d’activité aboutira à une radiation et l’arrêt du versement du RSA, qui ne feront qu’achever les plus précaires au lieu de leur donner les moyens de s’insérer. Pour le gouvernement, les 607 euros mensuels du RSA sont déjà trop chers payés, alors même qu’on voit que ceux-ci ne permettent pas aux allocataires de vivre dignement et d’envisager de trouver un emploi.
Des moyens insuffisants pour l’égalité homme-femme
Mardi, un article visant à « créer un service public de la petite enfance », selon Aurore Bergé, visant à aider les femmes à travailler en leur garantissant la garde de leurs enfants, a été rejeté par les oppositions. Il portait notamment comme projet de conférer la gouvernance des structures d’accueil aux communes.
Ce dernier n’était qu’un énième opportunisme du gouvernement, qui ne proposait aucune augmentation de personnel, ni de salaire. En bref, un projet loin d’être assez ambitieux pour se réclamer d’un service public. Cela constituera un frein de plus à l’insertion des femmes à l’emploi, voire les mettra en danger de radiation, ne pouvant concilier activité obligatoire et garde des enfants.
Une lutte contre les précaires plutôt que contre la précarité
En clair, le projet du gouvernement Macron est encore une fois très clair : la lutte contre la précarité, c’est la lutte contre les précaires. Pour faire des économies, ce sont encore aux plus pauvres de payer, soit en travaillant gratuitement, soit en se voyant simplement radiés. Une fois de plus, la vision néolibérale portée par la majorité ne répond pas aux enjeux de l’accès à l’emploi et à l’égalité.