À peine la loi « Pouvoir d’achat » adoptée par le Parlement, Élisabeth Borne a annoncé vouloir engager la réforme du revenu de solidarité active (RSA), après des phases de test à l’automne. En conditionnant cette allocation à l’obligation de réaliser des heures de formation ou de travail « en insertion », le gouvernement pousse les plus précaires vers le piège d’emplois instables, excluants, et potentiellement inadaptés aux aspirations des travailleurs concernés.
L’enlisement des allocataires dans la précarité
598 € : c’est le montant mensuel, pour une personne seule, du revenu de solidarité active. Comment peut-on vivre dignement avec 598 € par mois ? Dans le contexte actuel d’inflation, le bon sens voudrait que des choix politiques soient faits en faveur de l’insertion. Un emploi stable ou une formation épanouissante doivent être proposés, dans le cadre d’un accompagnement étroit avec les services de l’État. Cela demanderait le courage d’investir dans un vrai service public de l’insertion sociale.
Mais Macron n’a de toute évidence ni bon sens ni courage. Plutôt que de nourrir un projet d’investissement ambitieux pour les travailleurs privés d’emploi, il préfère leur tendre une carotte sans laquelle les allocataires perdraient le peu qu’il leur reste. La réalité est la suivante : un tel dispositif de RSA conditionné pourrait créer une nouvelle forme de contrat précaire, à mi-temps et sans réelle perspective d’insertion ou d’évolution. Comme le « contrat d’engagement jeune », il y a peu de chances qu’une réforme du RSA ait des effets positifs contre la pauvreté et l’exclusion.
Sortir de la misère organisée
Plus que jamais il faut s’en rendre compte : par son action, Macron assure au capital son « armée de réserve ». En confiant des « missions », des stages, des « formations » à des travailleurs éloignés de l’emploi, le patronat s’assure de pouvoir remplacer facilement la main-d’œuvre dont il dispose déjà, créant un cercle vicieux de précarisation.
À cela, il faut opposer un projet de société émancipateur, en offrant à chacun de réelles perspectives de stabilité dans l’emploi. Les personnes éloignées du monde du travail doivent être prises en charge par les structures publiques de réinsertion, afin que le RSA ne soit plus une fatalité pour ses bénéficiaires. La société ne peut plus rester dans un entre-deux, avec les minima sociaux d’un côté, et les emplois précaires de l’autre.
Il est temps de faire goûter l’abondance à ceux qui ne l’ont jamais connue.