Le projet gouvernemental conduit certainement à un allongement du temps de travail et une baisse des pensions à carrière égale. Cependant, de nombreuses zones de floues demeurent. Certaines touchent à l’intégrité même du futur système. Petit tour des différentes inconnues de la réforme. [1/3]
Du trimestre au point
En toute logique dans un système par points, la durée de cotisation disparait. Les points se substituent aux trimestres validés. Dans le système actuel, une fois l’âge légal atteint (62 ans dans la majorité des cas), le salarié peut liquider ses droits. Cependant, s’il n’a pas atteint le nombre de trimestres nécessaires (172 pour tous ceux nés après 1973) il se verra appliquer une décote sur le calcul de sa pension. À l’inverse si on a cotisé 43 années avant 62 ans, les cotisations versées jusqu’à la liquidation n’influent pas sur le calcul de la pension. Pour valider un trimestre, il est nécessaire d’avoir cotisé sur une rémunération au moins égale à 150 fois le SMIC horaire sur la durée de celui-ci. Ce qui équivaut à un tiers-temps.
Dans un système par points, la pension est calculée sur le nombre de points accumulés et donc plus on travaille, plus on accumule de points. Toute année de cotisation supplémentaire conduit à une augmentation de la pension au moment de la liquidation. Inversement, le calcul de la pension étant déconnecté de la durée, en cas de périodes de bas salaires, on peut devoir se retrouver à travailler bien plus longtemps qu’actuellement pour atteindre les mêmes niveaux de pension.
La notion de carrière complète
https://www.humanite.fr/la-question-sans-reponse-de-la-carriere-complete-682662
Dans un système par points, la notion de carrière complète disparait. Disparait également l’âge de départ à la retraite à taux plein qui permet actuellement à tout salarié de liquider ses droits sans décote à partir de 67 ans.
Le gouvernement a toutefois annoncé qu’il entendait garantir un niveau minimal de pension à 1 000 € pour une carrière complète. Une annonce qui sous-entend que la durée de cotisation continuera à jouer un rôle dans le futur système. Cette promesse de pension minimum deviendrait en réalité un minima social accessible une fois l’âge pivot atteint (64 ans pour l’instant). La notion de carrière complète disparait donc bien. Il faut noter que ce minimum de 1000 € est prévu depuis plusieurs années, mais régulièrement repoussé par mesure budgétaire. Le gouvernement actuel avait l’année dernière bloquer la revalorisation des pensions.
https://www.humanite.fr/le-grand-bluff-de-la-promesse-dune-pension-minimum-682233
L’âge pivot
L’apparition d’un âge pivot qui serait fixé à 64 ans en 2027 semble confirmer la disparition de la durée de cotisation dans les autres cas. Dans le système actuel, l’allongement progressif de la durée de cotisation jusqu’à 172 trimestres permettait de retarder l’âge effectif de départ à la retraite. Si l’âge légal avait été repoussé de 60 à 62 ans, la nécessité de devoir cotiser 43 années nécessite d’avoir débuté une carrière sans interruption à 19 ans. Un cas de plus en plus rare parmi les jeunes. L’âge pivot vient donc ajouter une décote en remplacement de la durée de cotisation. De plus, ce dernier par sa mise en place progressive dès 2022 et pour l’ensemble des salariés permet également au gouvernement de faire des économies de courts termes sur le dos des futurs retraités.
L’âge pivot étant contesté, l’été dernier Emmanuel Macron avait signifié sa préférence pour conserver plutôt la durée de cotisation. Une hypothèse qui pourrait revenir à l’ordre du jour dans les futures négociations.