Réforme des bourses : le débat sera houleux !

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Réforme des bourses : le débat sera houleux !

Alors que la grande consultation pour la réforme des bourses a commencé depuis quelques semaines, quel est le projet pensé par les macronistes ? 

C’est Ambroise Méjan, président des Jeunes avec Macron, dans un débat face à Léon Deffontaines, qui nous livre la version des JAM de cette fameuse réforme. 

Si nous sommes bien d’accord sur le constat que notre système actuel est obsolète et excluant, nos solutions sont radicalement différentes, tant dans l’objectif politique et sociétal que dans la mise en place. 

Le projet présenté par le patron des JAM se résume en cinq axes principaux : un élargissement des étudiant·e·s bénéficiaires, mais un ciblage des plus précaires ; une augmentation du montant maximum des bourses pour le rapprocher du seuil de pauvreté ; un mixage de l’ensemble des aides existantes pour les étudiant·e·s ; une aide modulée en fonction du coût de la vie dans le lieu d’étude où se trouve l’étudiant·e·s ; un versement automatique sur une demande déclarative avec ensuite des contrôles plus importants qu’aujourd’hui. 

Tout est critiquable dans ces propositions. 

D’abord, elles se présentent comme un énième pansement face à une précarité grandissante et ne répondent en rien à la question de l’émancipation des étudiant·e·s. En effet, la solution à la précarité ne se situe pas dans une bourse sur critères sociaux qui exclut une partie des étudiant·e·s, mais bien un revenu étudiant pour toutes et tous. Notre but est que chacune et chacun puisse s’émanciper de la solidarité familiale inégalitaire. 

Aussi, ce projet exclut complètement l’idée de solidarité nationale grâce aux cotisations qui permettent entre autres de financer les aides personnalisées aux logements auxquels les étudiant·e·s ont majoritairement recours. Pourtant cette solidarité est fondamentale, car elle admet que la formation des générations futures de travailleurs et travailleuses est un enjeu de l’ensemble de la société. C’est aussi en ce sens qu’un revenu étudiant financé par une nouvelle branche de la sécurité sociale apporte une réflexion politique et sociétale plus poussée que les propositions insuffisantes que le gouvernement ne cesse de rabâcher. 

Enfin, nous restons ici dans un fonctionnement infantilisant. Le devoir d’assiduité brandit comme la condition pour percevoir des aides ne fait que mettre en cause les étudiant·e·s sans jamais repenser le système d’orientation forcé qu’ont imposé Parcoursup et e-candidat. Non, les étudiant·e·s ne sont pas des fainéant·e·s qui ne vont pas en cours, car ils et elles ont la flemme. L’absentéisme ou le décrochage est avant tout causé par une mauvaise orientation et par l’emploi étudiant. Mais ça, Ambroise Méjan semble vite l’oublier. 

En attendant que cette grande consultation et que les premières propositions officielles émergent, les files devant les aides alimentaires se font nombreuses et le coût de l’énergie laisse entrevoir un hiver très rude pour le monde étudiant. 

Comment sortir par le haut de cette situation ? Le débat est ouvert et il risque d’être houleux.


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