Ile-France Mobilités vient de signer avec la RATP un dernier contrat avant l’ouverture à la concurrence du réseau de transports public francilien, qui rencontre de plus en plus d’opposition
Les salariés mobilisés contre la dégradation du réseau et de l’entreprise RATP
Les syndicats de salariés ont dénoncé en septembre 2020 un plan de licenciements sous forme de départs volontaires et de fins de carrière anticipées. Le conflit social s’accroît sur fonds de dégradations des conditions de travail et la perspective d’ouverture à la concurrence qui se traduirait par la perte du statut de l’entreprise publique et le démantèlement du réseau.
Le réseau francilien de transports en commun est déjà impacté hors de Paris par l’ouverture à la concurrence du ferroviaire, qui avait entraîné un fort conflit à la SNCF et un soutien des usagers à la lutte des cheminots. Résultat : un trafic réduit dans certaines gares et des trains supprimés.
La région Ile-France dirigée par Valérie Pécresse (LR) y est pour beaucoup. La RATP est prise dans une contradiction entre la montée des exigences et de la taille du réseau, et la baisse des effectifs salariés de l’entreprise. Le bilan de la droite régionale est très mauvais : hausse du nombre d’incidents quotidiens sur le RER B (128 jours par an en 2015, 199 jours par an en 2020) ; soutien au CDG express à hauteur 1,8 milliards d’euros, aux dépens du RER B pour lequel aucune nouvelle rame n’est commandée ; augmentation de 5,20 euros du pass Navigo pour les usagers…
Même si les usagers ont obtenu des nouvelles stations et nouvelles lignes ces dernières années grâce à de fortes mobilisations d’associations et d’élus de gauche (200 kilomètres supplémentaires programmés), force est de constater que la politique actuelle de la RATP et de la région conduit à une dégradation à la fois pour les usagers et les salariés. L’ouverture à la concurrence viendrait aggraver considérablement ces problèmes.
Faire “dérailler la concurrence des transports en commun”
La loi Orientations des mobilités (LOM) de 2019 prévoit l’ouverture du réseau RATP à la concurrence. L’entreprise publique elle-même et ses salariés seront démantelés, comme l’explique depuis des mois la section RATP du Parti Communiste.
La RATP va faire de toutes ses lignes des filiales pour livrer les lignes au marché, en commençant par les 341 lignes de bus qui seront vendues à des entreprises privées à la découpe, en fonction des appels d’offres. Parfois la RATP obtiendra la délégation de service public pour exploiter la ligne, parfois ce sera une entreprise concurrente. En cas de changement d’opérateur, les salariés de la ligne concernée perdront leurs droits sociaux. La RATP perdrait ainsi progressivement plusieurs milliers de salariés (sur les 45 000 actuellement). C’est la fin programmée du statut des agents du service public. La concurrence entre les opérateurs entraînera également le nivellement des salaires et des droits vers le bas. Les filiales non-rentables (la sûreté et la gestion des infrastructures) devraient elles rester publiques et financées par le contribuable.
D’ici là, entreprise, Etat et région font évoluer la RATP afin qu’elle soit la plus rentable et “productive” possible pour attirer les investisseurs privés, sous prétexte d’amélioration de qualité du service, dont il n’est pas réellement question qu’elle soit au rendez-vous en supprimant du personnel et en recourant à la sous-traitance. La logique est de faire payer les dépenses (matériels, infrastructures…) au contribuable et de laisser le privé s’engraisser sur des lignes rentables pour lesquelles les investissements publics auront été faits.
Les prochains mois seront déterminants pour la mobilisation des salariés et des usagers contre ce projet de privatisation qui ne dit pas son nom. Les communistes de la RATP ont fait savoir qu’ils lutteront pour “faire dérailler” ce projet et pour un monopole public dédié à 100% à sa mission de service public (et non dédié au versement de dividendes aux actionnaires privés), dans le cadre d’une régie régionale des transports en commun.