Rapport de SOS homophobie, toujours plus de violence 

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Rapport de SOS homophobie, toujours plus de violence 

SOS homophobie a publié ce jeudi 16 mai son rapport annuel 2024. Ce rapport permet, comme chaque année, de faire le point sur le recensement des violences exercées à l’encontre des personnes LGBTI pour l’année précédente. 

Mariage pour toutes et tous, 10 ans après, où en est-on ? 

2023 a marqué les 10 ans de l’adoption du mariage pour tous en France. Une victoire politique pour l’égalité des droits pour les couples LGBTI et un espoir de vivre le recul de l’homophobie. Cependant, l’opposition virulente d’une frange de la société exprimée il y a 10 ans dans l’espace public s’est traduite par un pic de violence recensé en 2013 par SOS Homophobie. Ces attaques persistent aujourd’hui, comme en témoignent les chiffres publiés par l’association. 

Si l’association a écouté les témoignages de 2 085 personnes sur l’année contre 1506 pour 2022 et 1515 pour 2021, elle rappelle que ces données sont issues de son travail d’écoute et ne peuvent en elles-mêmes être significatives d’une augmentation des LGBTIphobies en France, ces témoignages ne représentant qu’une infime partie des violences et des discriminations vécues chaque jour par les personnes LGBTI. Le ministère de l’Intérieur consolide cette tendance, en annonçant ce vendredi que l’année 2023 s’est traduite par une augmentation de 13 % d’actes anti-LGBTI. 

SOS Homophobie constate que la vague de haine se déporte en direction des personnes trans qui subissent aujourd’hui de nombreuses attaques dans l’espace public et médiatique. La lesbophobie, mêlée de sexisme et d’homophobie, continue d’être une réalité criante. 

Si aujourd’hui la société semble accepter les personnes homosexuelles, comme pourraient en témoigner les évolutions législatives, le travail d’écoute de l’association rappelle que la liberté de vivre et d’aimer sans peur ni discrimination est un idéal pas encore atteint pour les personnes LGBTI en France. Un grand nombre de témoignages de LGBTI-phobie sont associés à une stéréotypie de genre, conservatrice et binaire. Les stéréotypes sont souvent le point de départ de l’agression. L’exemple, en 2023, de deux femmes se promenant ensemble, est parlant. Deux personnes leur jettent des pierres en voyant l’une mettre son bras autour de l’épaule de l’autre. Les deux femmes sont hétérosexuelles, mais agressées en raison d’une orientation sexuelle supposée. 

Les assauts LGBTI-phobe en ligne persistent

SOS Homophobie pointe que les prises de parole de la droite et de l’extrême se multiplient et se banalisent dans les médias et sur internet depuis plusieurs années et continuent d’avoir des effets délétères dans la vie des personnes LGBTI en France. 

L’association alerte que, pour la troisième année consécutive, la haine en ligne progresse. En 2023, 23 % des cas de LGBTI-phobie y ont été signalés contre 17 % l’année précédente. Alors que le numérique a pendant une période été considéré comme un espace relativement sécurisé pour les personnes LGBTI, internet est aujourd’hui utilisé comme un relais des messages LGBTI-phobe et prolonge le harcèlement et les discriminations vécues dans le monde réel.

Le manque de moyens mis en œuvre par les plateformes pour modérer les contenus pourtant signalés et les carences judiciaires pour faire appliquer des sanctions à l’encontre des auteurs de contenus haineux, quand bien même leurs identités sont connues, participent à l’intensification du harcèlement sur les réseaux sociaux.

L’association alerte sur la progression du guet-apens, conduisant à l’agression physique d’hommes gays suite à un contact en ligne. Les applications et les sites de drague sont identifiés comme des terrains facilitant les agressions, certains par leur fonctionnement protègent les agresseurs en empêchant leur identification. L’association revendique la fermeture de ces sites.

SOS Homophobie, 30 ans d’actions 

SOS Homophobie a été fondée il y a 30 ans, dans une France frappée de plein fouet par le sida, afin d’écouter et d’accompagner toutes les personnes ayant subi des violences physiques ou verbales en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur genre. L’association regroupe 1 200 adhérents et 580 bénévoles, elle est la plus grande association LGBTI française.

Depuis 1994, les bénévoles ont recueilli 37 459  témoignages, accompagné plus de 1 500 victimes dans leurs démarches juridiques, sensibilisé près de 250 000 élèves et formé des dizaines de milliers d’adultes. L’association édite chaque année depuis 1997 un rapport annuel qui porte pour la première fois sur la place publique en France la réalité de la haine anti-LGBTI et qui reste encore aujourd’hui un document de référence.

L’association intervient en milieu scolaire et professionnel afin de créer des espaces de sensibilisation et à son échelle contribuer au recul de l’homophobie. Cet engagement bénévole est orphelin de politique publique ambitieuse et volontaire. 

2023, un plan de lutte contre la haine et les discriminations

En juillet dernier, Isabelle Rome, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, avait présenté le nouveau plan national contre la haine et les discriminations anti-LGBT+. Voulu comme une continuité en faveur de l’égalité des droits, après l’ouverture de la PMA aux femmes lesbiennes et l’ouverture du don du sang aux homosexuels. Ce plan 2023 – 2026 propose une centaine de mesures. 

Le gouvernement promet notamment une enveloppe de 10 millions d’euros au cours du quinquennat afin de soutenir la quarantaine de centres LGBT et d’en ouvrir dix supplémentaires d’ici à 2027. 

Le plan prévoit également une meilleure formation de l’ensemble des acteurs (policiers, gendarmes, personnel de santé, enseignants…) ainsi que la lutte contre le harcèlement scolaire à caractère LGBTphobe à travers la mise en place d’adultes référents dans les collèges et lycées. 

Des mesures insuffisantes, les associations déplorent le manque d’ambition et de volonté politique du gouvernement à travers ce plan. Les perspectives et les engagements sont bien insuffisants.  

Au-delà du manque de moyens mis sur la table, c’est toute une politique structurelle qui est à repenser. La formation en est certes un pilier, particulièrement pour ce qui est des milieux ciblés dans le plan. Pour autant, le pouvoir s’évertue à faire peser sur les enseignants les manques liés à l’absence d’embauches spécifiques et d’initiatives sur le temps long. Quand bien même leurs conditions de travail se dégradent.


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