L’Euro de football féminin a débuté en Suisse. Pour la première fois, l’ensemble de la compétition est diffusé gratuitement en clair sur le groupe TF1. Un progrès à saluer. En septembre 2023, le directeur général délégué du groupe se félicitait : « Nous sommes très heureux d’offrir aux compétitions féminines une large exposition. »
Mais à peine deux matchs joués, la promesse se fissure. Le prochain match des Bleues, initialement prévu sur TF1, est relégué sur TMC… pour faire place à la finale de la Coupe du monde des clubs. Une compétition masculine à la légitimité encore floue et à l’intérêt populaire limité. Où est donc passée la volonté de valoriser le sport féminin ?
Ce choix en dit long. Malgré les discours, le sport pratiqué par les femmes reste relégué. Seulement 9 % des licenciés à la Fédération française de football sont des femmes. Dans près de la moitié des fédérations sportives, elles représentent moins de 20 % des pratiquants. Les sportives professionnelles sont bien moins rémunérées que leurs homologues masculins. Et à la télévision, elles n’apparaissent que dans 5 % du temps médiatique consacré au sport.
Ces inégalités sont inacceptables. Car au fond, le débat est là : le sport est-il un luxe ou un droit ? Est-il un divertissement ou un levier de transformation sociale ? Nous pensons que le sport est un droit fondamental. Il contribue à la santé, à l’estime de soi, à la socialisation, à la construction de repères collectifs. Il permet l’émancipation des jeunes, la mixité, le respect, la coopération. Il apprend à gagner, à perdre, à faire équipe. Et il devrait être accessible à toutes et tous.
C’est pourquoi la diffusion de l’Euro féminin ne peut être un simple geste symbolique. Elle doit s’accompagner d’un engagement réel pour l’égalité dans les pratiques, les rémunérations, la visibilité, les moyens.Le sport doit être un droit pour l’ensemble de la population – et donc pour toutes et tous.
