Si « l’Histoire se répète toujours deux fois : la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce » comme l’écrit Marx, il n’est pas superflu de revenir sur l’accession au pouvoir d’Hitler en Allemagne. Les contextes ne sont jamais comparables, les périodes historiques couvrent différentes dynamiques (nous ne sommes pas des Allemands des années 1930 !), mais des leçons peuvent en être tirées.
La République de Weimar dans les années 1930 : une démocratie ?
Construite sur les décombres du IIe Reich, la République de Weimar, fondé en 1919, s’est progressivement transformée comme un régime présidentiel. Le président du Reich nomme le chancelier (son Premier ministre), a la possibilité de dissoudre l’Assemblée, mais peut surtout appliquer des lois par décrets présidentiels. De plus, dans un contexte où les coalitions sont obligatoires pour gouverner et où la crise de 1929 est encore prégnante, l’Allemagne est politiquement instable.
Le 27 mars 1930, la “Grande Coalition”, dirigée par le social-démocrate Hermann Müller, est dissoute. Il faut trouver de nouveaux moyens de gouverner.
Un gouvernement en minorité : Henrinch Brüning
Entre 1930 et 1933, ce sont divers gouvernements en minorité qui sont au pouvoir. Ils étaient dépendants de leur Président, pas d’une majorité parlementaire.
Le régime présidentiel encourage la fidélité du gouvernement au chef. Le gouvernement de Brüning est convaincu qu’une politique déflationniste est la solution (donc une destruction de l’État-social). Il utilise les décrets présidentiels pour adopter ses mesures.
Tout cela dans un contexte où le parti nazi, simple groupuscule d’extrême-droite au début des années 1920, sans force de frappe, devient au début des années 1930, dans la forme, “légaliste”, en minimisant publiquement son idéologie (antisémites et racistes). Résultat de la crise économique et social, en plus d’un gouvernement incapable d’y répondre, Hitler récolte 30 % des voix au second de l’élection présidentielle, le 10 avril 1932.
La fin de la République
Réactionnaire catholique, Von Papen devient chancelier à la place de Brüning. L’objectif est de renforcer les outils autoritaires du régime, et d’amener les nazis dans une collaboration où Hitler serait encadré. Il négocie un partenariat avec Hitler pour le faire accéder à la chancellerie, avec l’appui des élites économiques. Le 30 janvier 1933, c’est chose faite : Hitler prête serment à Hindenburg qui le nomme chancelier.
Arrivée au pouvoir, Hitler et les nazis n’ont qu’à utiliser les outils mis en place par leurs prédécesseurs. En effet, l’utilisation du régime présidentiel permet, en quelques mois, de “mettre au pas” le régime : purge au niveau des gouvernements régionaux, interdiction des réunions du KPD et du SPD. L’apogée est l’incendie du Reichstag le 27 février 1933. La liberté individuelle, la liberté d’opinion, la liberté de presse et de réunion et le secret de la correspondance sont abolies. Une partie des SS sont intégrés à la police comme auxiliaires, renforçant les violences envers les militants ouvriers.
En mars 1933, les camps de concentration sont mis en place. D’avril à juillet, les nazis renforcent leurs pouvoirs : élimination des conservateurs au sein du gouvernement, loi permettant de radier de l’administration tout individu “suspects”. Il n’a pas fallu longtemps pour assister à la fin de la démocratie — déjà en état de “mort cérébrale” en Allemagne.