Pourquoi il y a une guerre au Congo ?

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Pourquoi il y a une guerre au Congo ?

Dans l’est de la République démocratique du Congo, la ville de Goma est désormais aux mains du M23, groupe armé soutenu par le Rwanda voisin.

L’activité militaire de ce mouvement dans l’est de la RDC, relancée en 2021, a causé le déplacement de millions de personnes, selon l’Organisation des Nations Unies. Fin janvier, la prise de Goma par le M23, avec l’aide de l’armée rwandaise, a fait une centaine de morts, dont 17 Casques bleus, et des milliers de blessés.

Paul Kagame, le chef d’État du Rwanda, dont les forces armées agissent aux côtés du M23, prétend justifier la guerre chez son voisin par des préoccupations de sécurité. Depuis trente ans, la fuite des responsables du génocide tutsi de 1994 au Zaïre et la formation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), a été le point de départ de la déstabilisation de la région.

6 millions de personnes seraient mortes entre 1993 et 2003 lors des deux guerres du Congo, selon le rapport « Mapping » qui fait état de crimes de masse et de crimes contre l’humanité, commis notamment par l’armée rwandaise.

Ces vingt dernières années, la situation ne s’est jamais stabilisée durablement, avec au mieux le maintien de conflits de basse intensité. Il s’agit d’un conflit régional ancien et particulièrement violent, qu’on ne saurait réduire à une guerre territoriale entre le Congo et le Rwanda.

De nombreux pays impliqués dans la guerre

C’est bien en RDC qu’ont lieu les combats. Immense pays de 2 millions de kilomètres carrés et 100 millions d’habitants parlant des langues très diverses, la RDC est le théâtre de cette guerre concentrée dans trois provinces orientales (Nord et Sud-Kivu, Ituri).

L’Ouganda soutient également des groupes armés dans l’est de la RDC, le Kenya est soupçonné d’en soutenir. Leurs ambassades ont été visées par des manifestants à Kinshasa, la capitale de la RDC, le 28 janvier, tout comme celles des États-Unis, de la France, de la Belgique (l’ancien colonisateur) et du Royaume-Uni, accusés d’inaction, voire de complicité.

Plus grande puissance du continent, l’Afrique du Sud intervient militairement en soutien de la RDC dans le cadre de l’engagement de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Cette mission régionale, déployée depuis fin 2023, concerne aussi des soldats du Malawi et de Tanzanie. L’armée burundaise coopère également avec la RDC.

En plus de ces pays alliés à l’armée congolaise, la mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco), créée en 2010 à la suite d’une autre mission internationale, tente de protéger les civils congolais, tout en visant depuis 2023 son retrait conformément à des accords signés par la RDC. Elle compte 15 000 soldats de dizaines de pays (plus de 20 000 par le passé).

Déjà en 2012, Goma était tombée au profit du M23, mais l’ONU et l’armée congolaise les avaient contraints à déposer les armes fin 2013.

Exploitation des minerais : cause ou moyens de financement de la guerre

Au-delà des différents pays impliqués dans la guerre, on compte des dizaines de groupes armés présents dans cette région, instrumentalisés ou financés par les pays environnants.

Le Rwanda est accusé par le gouvernement de Kinshasa de piller les minerais présents dans l’est du Congo et de les exporter à son compte. Le rapport Mapping de l’ONU constatait d’ailleurs l’encadrement des mines par des soldats rwandais pendant les guerres du Congo.

En tout état de cause, plusieurs groupes armés utilisent les ressources minières pour financer leurs activités et certains officiers sont suspectés d’enrichissement personnel.

Dans ce conflit régional ancien, le Rwanda semble de plus en plus isolé, de nombreux pays ayant condamné le bafouement de l’intégrité territoriale de la RDC. La conséquence logique devrait être de suspendre les achats de minerais stratégiques au Rwanda.

Les civils, eux, sont la cible de tous les divers groupes armés rivaux.


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