La conclusion des états généraux de la bioéthique a tout eu d’une douche glaciale pour les militants en faveur de la PMA. En déclarant qu’il n’y a pas de consensus sur la question, la conclusion valide le travail de lobbying des conservateurs de la Manif pour Tous, et ouvre la possibilité au Président de reculer sur la question.
Les questions éthiques posées par la PMA ne semble pas être un problème, depuis le temps qu’elle est pratiquée. La question posée aujourd’hui est uniquement de mettre fin à un situation discriminatoire visant les célibataires et couples de femmes.
L’ouverture de ce droit représenterait entre 1250 et 3750 naissances par PMA de plus chaque année, à comparer au près de 24 000 naissances par PMA actuellement. Ce qui coince, c’est une histoire de conception de la famille et des rôles parentaux. Quand cela ne concerne pas la destruction des acquis sociaux, le gouvernement reste très frileux avec le processus législatif.
Selon un sondage de l’IFOP, 60 % des français·e·s se disent favorables à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires et on passe à 86 % chez les 18-30 ans.
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Une opposition marginale et profondément réactionnaire
Les réactionnaires de la manif pour tous et autres, quant à eux, travaillent farouchement à bloquer cette possible ouverture de la PMA, que ce soit au sein des Etats-généraux de la bioéthique ou lors de rassemblements avec des arguments et des slogans les plus foireux les uns que les autres, tour d’horizon :
«Non à la PMA sans père »
Ce qui pose problème c’est qu’il n’y ait pas de père, on tombe encore dans les arguments qui étaient utilisés contre le mariage pour tous, l’adoption.
Bref une vision homophobe, des rôles cloisonnés hommes/femmes soit disant nécessaires au bon développement des enfants…
« Ca ouvre la porte à la GPA ; Non à la PMA-GPA »
La PMA pour toutes serait un boulevard pour la GPA est une affirmation totalement fausse. Déjà, ce n’est pas du tout le projet et le droit à la PMA est déjà inscrit dans la loi, il n’est cependant pas universel.
On a tendance à faire l’amalgame entre les deux, la majorité du temps volontairement pour fausser le débat : la GPA c’est la gestation pour autrui. Dans ce cas là, une tierce personne entre en jeu. Une femme dite « gestatrice » porte l’enfant à naître d’un couple pour qu’il se développe dans son utérus. L’ovule peut être issu de la mère génétique de l’enfant ou de la « mère porteuse », dans ce cas là on parle de procréation pour autrui. En France et dans d’autres pays cette pratique est interdite.
La GPA contrairement à la PMA pose les enjeux de l’exploitation et la marchandisation du corps des femmes.
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« Non au droit à l’enfant, oui aux droits des enfants», « Elles peuvent déjà adopter c’est pas suffisant ? »
Tous les couples ne souhaitent pas forcément se marier et l’adoption devrait être pleinement choisie ; dans les faits l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires permettrait l’égalité des possibilités pour devenir parent indépendamment de son orientation sexuelle, sa situation… et cette volonté ne diffère pas de celle émise par les couples hétérosexuels, pour qui le terme « convenance » n’est jamais employé quand les démarches sont entreprises.
Les avancées sociales sont le fruit d’une lutte politique, et même si au vu des sondages la majorité de la population se déclare favorable à la PMA pour toutes, l’opposition à l’égalité ne varie pas.